Extrait du journal

Ne nous hâtons pas de crier à la séquestration arbitraire Joseph Duehesne est en liberté. Duchesne, c'est cet ancien soldat qui, las de solliciter par lettre le Président de la République~ s'avisa de lui remettre, avantht-er, à son retour de la Revue, un placet. Un placet! Le mot dit la chose lorsqu'un sujet dépose entre tes mains de son souverain une feuille de papier pliée en quatre, cela ne s'appelle pas une lettre, mais un placet. Et c'est ici que s'accentue, d'une façon fâcheuse certes, la différence entre l'ancien régime et le nouveau. On pouvait remettre aux rois de France des piaccts Napoléon lui-même en a reçu, Napoléon le Grand, et aussi t'autre, car malgré le zèle légendaire de sa fameuse police, Napoléon III K.çut plus d'une supplique et y fit droit. En République, l'homme au placet est appréhendé, bousculé; la police s'en saisit et, sous le prétexte de t'arracher aux brutalités de l'inconsciente foule, elle se donne le malin plaisir de le « passer à tabac M, sans doute, pour se venger de la peur qu'il lui causa par sa démarche inoffensive. Duchesne tomba ainsi aux mains des agents courroucés, établit son identité, prouva qu'il ne professait point de doctrines anarchiques, et attendit. I! vit se succéder les heures le moment du dîner passa; enfin, vers minuit, on venait le remettre en liberté. II paraît même une note officieuse nous l'apprend que M. Félix Faure intervint pour hâter son élargissement. Que serait-il devenu si le Président F avait oublié ?...