Extrait du journal

Nous parlions l'autre jour de nos libertés dispa rues et nous les pleurions. Leur violation est un symptôme du temps où nous vivons. Mais il est des indices qui accompagnent tou jours la suppression des droits des citoyens. Ce sont : I» L'apparition des tribunaux d'exception ; 2° L'intervention de l'armée. Nous y arrivons. C'est complet. En effet, la. haute cour est un tribunal d'exception pire encore à no tre avis que les funestes commissions mixtes, cap dans ces dernières il y avait des militaires qui n'é taient pas nécessairement des ennemis politiques acharnés. Tandis que la commission des Neuf ne compte que des adversaires qui poussent le parti pris jus qu'à l'épilepsie. Qu'on en juge : 11 existe, dit-on, une lettre de M. M..., membre de la commission des Neuf, datée de plus d'une année et demie. Dans cette lettre, le sénateur déclare qu'il prépare le dossier de l'infâme ministre de la guerre qui vient de tomber et il demande qu'on lui four nisse des matériaux pour son enquête. Ainsi voilà un juge qui depuis doâ mois et des mois a un parti pris, suit une piste pour soh compte comme un chien courant, se donne toutes les joies d'un dilettante de la haine politique. C'est le môme qui a distillé comme un venin la loi de procédure de la haute cour ! Et voilà un des membres du tribunal d'exception qu'on-a composé pour juger un citoyen. Tribunaux d'exception. Signe des temps ! Signe des temps I Mais l'autre indice de l'atmosphère de coup d'Etat que nous respirons, ce sont les patrouilles mili taires dans Paris. Depuis plusieurs heures nous, voyons défiler sur les boulevards, par petits pa quets, des troupes destinées à mettre, au besoin, à la raison les cochers grévistes et les citoyens qui voudraient s'égayer un peu par. un petit cri de : Vive Boulanger 1 Nous venons de voir ijes passants qui mon traient le poing à ces militaires accomplissant tris tement leur devoir. Qu'on y prenne garde, tout cela devient grave. La population parisienne gronde, qu'on ne l'exas père pas I Les cochers, l'affaire Cail, les sucres, le Comptoir d'Escompte : il y a là bien des matériaux combus tibles. Une étincelle suffirait. Pas de patrouilles, pas de provocations. Oui 1 Nous voilà forcés, par amour de Paris et de 1' la légalité, de crier à ce gouvernement imbécile ; Casse-cou I -...