Extrait du journal
Une histoire vraie Par une belle journée du mois d'août 1902, — ceci 11'est pas un ro man, comme on pourrait le croire, — deux braves employés de commerce parisiens pédalaient tranquillement sur la route qui mène de Trouville à Pacysur-Eure. Leur attention fut subite ment attirée par l'apparition d'une ïorte de bolide étincelant qui arrivait sur eux en droite ligne. Quel était ce mystère ? Nos lecteurs ont déjà deviné que ce bolide n'était autre qu'une auto mobile,'lancée à une vitesse de 80 à l'heure, et qui dévorait la route sui vie par nos deux cyclistes. Tout à coup le monstre haletant s'arrête, vire volte, se dresse, et va s'écraser dans le fossé qui borde la route, précipitant contre un-arbre ses voyageurs,-qui bientôt gisent à terre, le tête fra cassée. Descendre de vélo, dégager les mal heureux écrasés, voir s'ils respiraient encore, ce fut pour nos deux pédaleurs l'affaire d'un instant. Mais, comme les infortunés râlaient, on décida de cher cher des secours au prochain village. Quand on en revint, les deux victimes étaient mortes. Mais quelles étaient ces deux victi mes? — Le mari et la femme, le jeune ménage Fair, lequel, riche à cent mil lions, devait laisser derrière lui, avec des regrets plus ou moins sincères, d'ardentes convoitises. On vit en effet les familles de chacun des deux époux se disputer la succession, et contester la question de survivance. C'est ici que nos deux cyclistes réap paraissent. « Vous avez, leur dit-on, porté secours à nos parents en dé tresse. Vous avez soulagé leur agonie. Parlez. Dites-nous celui qui est mort le premier. Est-ce le mari? Est-ce la femme? Faites bien attention. Votre réponse va faire passer les cent mil lions de l'héritage dans ce camp-ci ou dans l'autre. Tâchez de ne pas vous tromper ». Les Parisiens interrogèrent leurs souvenirs, et, invités à déposer devant la Cour suprême de New-York, dé clarèrent que Mme Fair avait, la der nière, donné signe de vie sur le lieu de l'accident. Après cela,, nos cyclistes rentrèrent en l'.rance Ui conscience tranquille et ' le cœur léger, Ils avaient tort pourtant...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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