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La Presse, 18 mai 1891

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La Presse
18 mai 1891


Extrait du journal

INTERPELLATION IIII LES BIBLIOTHÈQUES DANS LES GARES A la Société des gens de lettres. — Une in terpellation. — Chez M. Jean Ajalbert. A la librairie Hachette Fixons d'abord un point d'histoire, puisque la moindre question a la sienne. Il y a quelques jours, nous avons publié, comme plusieurs de nos confrères, une note émanant de la Société des gens de lettres, invitant la librairie Hachette à ne plus exercer sa censure sur les vo lumes qu'on lui demandait de mettre en vente dans les gares et de n'en plus refuser aucun. Ainsi présentée, la nouvelle semblait exacte après le refus par la. maison Hachette de vendre dans ses bibliothèques des chemins de fer plusieurs vo lumes, particulièrement Femmes et paysages, de Jean Ajalbert; les Vierges, de Valette, et Là-bas, de Huysmans. Il paraît, cependant, que la Société des gens de lettres n'a pas du tout pris l'initiative qu'on lui prête, c'est du moins ce que nous a dit M. Edouard Montagne, l'estimable délégué de la Société. A la Société des gens de lettres Comme nous demandions à M. Edouard Monta gne si la maison Hachette avait répondu au vœu émis par la Société : — Elle n'avait pas à y répondre, nous dit-il, et pour une bonne raison, c'est que nous ne lui avons pas adressé de communication de ce genre. — Cependant, la note communiquée aux journaux par l'Agence Havas ? — Oui, je sàis, mais notre décision a été mal in terprétée, et c'est un peu la faute de mon secré taire. M. Yves Guyot, ministre du commerce, nous avait demandé notre avis sur la censure exercée par la maison Hachette sur les livres qu'on lui demandait de vendre dans les gares. Nous avons émis le vœu que vous connaissez ; pendant la séance, j'ai prié mon secrétaire d'envoyer une no'e dans ce sens à l'Agence Havas ; il-l'a fait, mais sans historique, voilà d'où est venue la fausse interprétation. Un vœu émis autrement par nous aurait été sans portée, l'affaire ne nous regarde pas, et nous nous en serions mêlés sans rime ni raison. J'ai vu M. Templier, le directeurde la maison Ha chette, qui est venu me remercier de l'avis que nous avons donné. Comme je lui conseillais do n'exercer aucune censure, il m'a répondu qu'ils n'é taient nullement sévères et que très rarement ils refusaient la mise en vente des ouvrages. Une interpellation — On parle d'une interpellation à la Chambre au sujet du monopole de la maison Hachette ; on dit même que c'est M. Millerand qui déposera à la tri bune la question défendue l'année dernière par M. Maurice Barrés. — Je n'en sais rien ; mais la maison Hachette n'a pas de monopole ; elle a un traité avec les compa gnies pour remplacement de ses bibliothèques. Quant au droit de vente, ce n'est qu'une tolé rance ; elle s'est mise en règle avec les autorités préfectorales, elle a dû, dans chaque département, demander une autorisation spéciale. Chez M. Jean Ajalbert Nous rencontrons le collaborateur de M. de Goncourt, à Levallois-Perret, et nous lui demandons quelques détails sur l'incident qui s'est produit entre la librairie Hachette et la maison Tresse et Stock, qui a édité son volume et ceux de MM. Va lette et Huysmans. — J'ai peu de choses à vous dire, nous répond-il : la maison Hachette a refusé de vendre mon volume de vers parce que certaines pièces sont trop crues, paraît-il; celui de Valette, à cause du titre; elle prévenait, en même temps, qu'elle prendrait la même mesure pour les volumes de Huysmans que publiait alors Y Echo de Paris et qui allaient bientôt paraître. — On avait annoncé que vous alliez plaider avec la maison Hachette. — Ce n'est pas exact ; Valette a protesté dans une lettre au Figaro, une interpellation devait même avoir lieu; sur ces entrefaites Stock et moi sommés partis faire nos vingt-huit jours ; depuis je ne sais pas ce qui s'est passé, j'arrive seulement. ■ Mais je vais m'en occuper ces jours et me ren seigner. Ce qui m'ennuie dans cette histoire, c'est moins le préjudice qui m'est causé, que l'espèce de renommée d'auteur pornographique que me. fait; ce refus après la tapageuse affaire de la Fille Elisa. ■ ■ J'ai eu assez cfu bruit qui s'est fait autour de moi l'hiver demie1" > mais je proteste énergiqueraoh't contre l'espèce de renommée qu'on veut me faire, que je ne mérite pas et que je ne saurais accepter. J'espère bien pourtant que la maison Hachette Re viendra moins prétentieuse ou que nous trouverons quelqu'un pour porter de nouveau iios protestations à la tribune. 11 y a bien des éditeurs qui ne demanderaient pas mieux que de prendre l'affaire pour leur compte. A la librairie Hachette A la librairie Hachette où nous nous présentons, il nous est absolument impossible de rencontrer M. Templier ; nous trouvons cependant le chef de service aes gares qui veut bien nous répondre. — Nous ne sommes pas aussi sévères qu'on le pré tend, nous dit-il, nous faisons au contraire d'énor mes sacrifices dont les auteurs ne veulent pas se rendre compte. Il y. a une masse d'ouvrages qui ne se vendent pas, et qui nous causent d'énormes frais. ; Et puis, il y a une chose dont personne ne veut nous tenir compte, c'est le danger des poursuites auxquelles nous nous exposons. Si demain un livre malpropre, mis en vente par nous était poursuivi, nous serions certainement compris dans les poursuites, et condamnés de con cert avec l'auteur et l'éditeur. Et nous avons la bonne renommée de notre mai son à sauvegarder; mais, dites-le bien, notre cen sure est très douce, et nous ne refusons des volu mes que quand la dignité de notre maison est mise en jeu. Nous ne ferons aucun commentaire, nous; ferons seulement remarquer que. la question s'agite en haut lieu, nous n'en vouions la preuve que dans la démarché de M. Yves;Guyot auprès de la Société des gens de lettres. SITUATION OUVRIÈRE DANS LE NORD A Fourmies Plusieurs médecins militaires du Val-de-Grâce sont arrivés à Fourmies avec tout le matériel d'une ambulance militaire, où seront soignés les blessés du 1" mai. Dans les tissages,: là situation est toujours;la même, le calme continue. On dit que deux escadrons du 14e dragons et une compagnie du 84é de ligne quitteront Fourmies de main et retourneront dans leurs garnisons respec tives. 11 restera encore le même nombre, c'est àdire deux escadrons de cavalerie et une compagnie d'infanterie gui, très probablement, quitteront la : ville la semaine prochaine»...

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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