Extrait du journal

Lorsque l'on est chargé de la difficile mission de parler science à des gens du monde, quelque instruits d'aiUeurs qu'on les suppose, tl faut se pénétrer de ces deux principes i" ne leur offrir que des faits nouveaux et intéressans 3" éviter, dans l'explication nécessaire pour l'intelligence de ces faits, de se servir d'un langage scientifique abstrait. Il faut en d'autres termes s'attacher a enseigner en piquant ta curiosité de ses lecteurs et prendre ~pour épigraphe ce précepte d'un grand philosophe: "Je n'instruis pa~, je raconte. >; Laquinzainequi vient de s'écouler, et pendant laquelle notre plume de journaliste est restée inactive, ne se distingue pas par une grande richesse de faits scientifiques. Nous allons cependant essayer de présenter une analyse rapide des points tes ptus. intéressans que l'Académie des sciences nous a offerts.. Depuis long-temps on cherchait à résoudre le problème de mettre le feu aux poudrés de la charge, avec autant de sûreté que de promptit~e. Jusqu'à présent on avait échoué dans la recherche de ce moyen.appliqué aux armes à feu dé guerre. A l'invention grossière du mousquet à mèche avait succédé le fusiià rouetqui lui-même fut bientôt remplacé par le fusil a pierre dont Louis XIV arma toute l'infanterie française, en 1705. C'est celui dont on se sert encore aujourd'hui et qui a de nombreuxinconvëniens; ainsi tantôt lé vent, dérangeant la direction des étincelles dans leur chute les détourne du bassinet, tantôt la poudre de l'amorce, atteinte par 'l'humidité d'un temps pluvieux et brumeux, ou ne prend pas )e feu de l'étineelie, ou fait long feu. Quelquefois même la pierre ne donne pas d'étincelle ou bien la lumière obstruée par la crasse ne laisse pas pénétrer le feu de l'amorce jusqu'à la poudre de la charge; enfin, le temps pour amorcer est toujours assez long, puisqu'il prend à lui seul environ le tiers de celui que demande la charge complète. H est également très essentiel,...