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La Presse, 23 février 1896

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La Presse
23 février 1896


Extrait du journal

Il p< tousla plus grande somme de possible. En fait, c'est la suppression de la liberté humaine et l'asservissement de l'individu à l'Etat, la guerre de classes et la ruine financière, du pays. Si la Révolution française est restée une grande date dans l'histoire, une date populaire entre toutes en France et dans le monde entier, c'est qu'elle a supprimé les privilèges, les inégalités, les oppres sions; c'est qu'elle a émancipé l'individu. C'est à elle plus encore peut-être qu'à la science qu'on doit l'admirable essor de richesse, de liberté, de progrès matériel et moral dont ce siècle a été .témoin ! Le socialisme, nous ramenant en ar-: rière, fait table rase de tous ces progrès. Il crible l'industrie de servitudes : arbi trages obligatoires, assurances obliga toires, assistance, subventions, inspec tions obligatoires. Il multiplie les en traves, met un.obstacle devant chaque pas de celui qui veut marcher, substitue partout la lourde main de l'Etat à la libre action de l'individu. L'orateur a parlé ensuite de la loi sur les syndicats, de l'administration' et de la jus tice, et enfin de.nos lois de finances. ■— La France, a-t-il dit, a été jusqu'ici, et c'est ce qui a fait sa force, un pays de travail et d'épargne. Le jour où l'impôt progressif sera voté, le travail et l'épar gne seront également en péril. Et qu'on ne vienne pas nous dire que le taux en est modéré; ce qu'on veut-, c'est faire adopter le principe parce que, une fois le principe admis; tout en découle, et on aura doté le socialisme de l'arme qu'il lui faut et qui lui suffit pour aller jusqu'au bout de ses doctrines. Oh ! sans doute, nous savons que ces folies n'auront qu'un temps ; mais qui pourrait dire le mal qu'elles auront fait au pays avant que la clameur publique en ait fait justice ! Et pour couronner l'œuvre, la Constitution faussée, les deux Chambres en conflit, le Sénat furieuse ment attaqué avec l'encouragement d'un ministère qui, responsable devant vous et condamné par vos votes, demande son sa lut aux partis extrêmes et n'est plus qu'un instrument docile entre les mains des ré volutionnaires. Dans cet incroyable désordre, aussi dangereux pour l'autorité de la France au dehors que pour sa tranquillité au de dans, la nation cherche un refuge et un point d'appui pour la loi, pour la liberté, ■pour l'ordre républicain. Il faut qu'elle le trouvé dans le Sénat. Il faut que nous nous opposions résolument à cette poli tique incohérente et brouillonne, qui n'a de réformateur que les prétentions et qui, sous le prétexte de réparer toutes les in justices, alarme tous les -intérêts et met tous les droits en péril. En terminant, l'orateur s'est exprimé ainsi : — Le centre gauche n'a certes pas la prétention de défendre à lui seul ce pro gramme. Mais il fait appel à ceux de nos collègues qui, en immense majorité dans le Sénat, partagent les mêmes vues et combattent le même combat. Il fait appel à la Chambre des députés, oùles modérés, un instant, dispersés, se reprendront, nous en avons la confiance, dans de si graves, conjonctures. Nous leur offrons notre con cours désintéressé, convaincus qu'en dé fendant les bases de l'ordre social fondé en 1789, nous servons la cause de la li berté, du gouvernement parlementaire et de la République. Ce discours a été chaleureusement ap plaudi et M. Franck Chauveau très félicité par ses collègues. Dans les couloirs, cette, déclaration a fait l'objet de toutes les convocations....

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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