Extrait du journal

Un hasard, paraît-il, le mit en possession, à Cherbourg, du manuscrit d'Aurélie, qui fut écrit en 1802. Il se trouvait au milieu d'autres papiers sans valeur, dans le tiroir d'un meuble perdu •dans une boutique de bric-à-brac. Après avoir lu quelques pages des Oraisons, M. Pillet se livra à d'autres recherches pour savoir ce qu'avait été cette Aurélie. La famille Grivolin était éteinte. Deux vieillards de Cherbourg se rappelaient l'avoir connue chez une came Leviandier qui était sa tante. Cette dame avait un fils, Jean, qui après avoir été officier s'était mis dans le commerce et était resté célibataire. Il aimait Aurélie et on croit qu'il fut aimé d'elle. D'ailleur, elle s'était mariée en 1809-avec un M. de Bricqueville, de dix ans plus âgé ^qu'elle et fort riche en terre. Elle était d'une grande beauté et un des vieillards iqu'interrogea M. Pillet lui dit : « Il fallait qu'elle! fût très belle pour être tant admirée à Cherbourg, où, de tout temps, /Jes jolies femmes ont été nombreuses. » *M. de Bricqueville mourut en 1850, à Soixante-seize ans, Jean Leviandier mourut dix ans plus tard et Aurélie . leur «survécut -jusqu'en j869. Au temps de I )fea vieillesse, comme on lui demandait j >si elle avait été aimée, elle répondit : V 'A mon âge, on peut se confesser publiquement. Oui, j'ai été très aimée... ^autant, je crois, qu'on peut l'être. J'ai aîmé les deux hommes qui m'ont aimêe. :»...