Extrait du journal
mi. 1 " ' ' ' SAMEDI 24 MARS. ANNONCES . . 1 franc 50 centimes la iiçnej RUE SAINT-GEORGES, 16. • X-, i Parts, buuisi. Onentend dire de plusieurs côtés• « La chambre ne marche pas, la chambre ne fait rien. Voilà déjà trois mois que la session est ouverte, qu'en est-il sorti ? Des discours politiques, la plu part assez médiocres, assez rebattus, et c'est tout. Les propositions qui appartiennent à l'initiative parlementaire meurent l'une après l'autre sans produire aucun résultat, sinon du temps perdu. Les lois d'intérêt matériel qui ont été si solennellement promises au pays, ces lois dont il attend la discussion avec une si vive et si juste impatience, restent.ensevelies dans les bureaux, et semblent menacées d'un ajournement indéfini. Est-ce là un état normal? ■ Sommes-nous dans les vraies conditions du gouvernement repré sentatif? » ■ Ces plaintes sont fondées ; les travaux de la chambre n'avan cent pas, et M. lé comte Molé a reconnu lui-même à la tribune que l'action fondamentale semble enchaînée. Mais à qui doit-on s'en prendre ? Qûelles sont les causes réelles de cette fâcheuse in action? A cela beaucoup degens ne sont guère embarrassés de ré pondre; ils affirment ayec une imperturbable assurance que c'est la faute du ministère, et que tout marcherait aussitôt le mieux du monde, si nous en avions un autre. Déplorable tradition du vieux libéralisme, pauvre élroitesse d^esprit de ramener tout à une question de cabinet, de, subordonner tout à des passions person nelles ! Cette erreur nous étonne peu de la part de certaines intel*ligences auxquelles on aurait tort de demander plus qu'elles ne peuvent donner ; mais elle nous surprend davantage chez ceux qui ont prouvé qu'ils avaient des vues assez hautes pour bien ap précier l'état des affaires, et des intentions assez droites pour ne rien déguiser de leur pensée devant le pays. Il importe beaucoup d'éclairer l'opinion sur les véritables cau ses de l'inaction de la chambre. Les unes peuvent être hautement avouées par les hommes de tous les partis ; les autres sont d'une nature moins honorable. Il faut - les expliquer pourtant, afin que la responsabilité retombe sur ceux , qui doivent la porter. Lors qu'on semble prendre à tâche de créèr des illusions de toute sorte, et qu'on n'y épargne, ni les mensonges ni les intrigues, que doiton y. opposer ? Ce qui est vrai et tout ce qui est vrai. Rappelons, d'abord, que la législature actuelle renferme un tiers de députés nouveaux. Les nouveaux députés, si instruits qu'ils puissent être d'ailleurs, ont besoin de s'initier aux affaires, ' publiques. L'apprentissage est long ; les séances des commissions s'y consument en partie, et le temps qu'on passe à expliquer les choses retarde le moment de les résoudre. II. y a plus : non-seu lement les nouveaux députés rie connaissent pas bien les affaires et doivent les apprendre, mais plusieurs vont peut-être dans leurs hésitations au-delà de ce qu'exigerait une juste et légitime dé; fiance d'eux-mêmes. Ils craignent de se prononcer sur des ques tions qu'ils n'ont pas complètement approfondies, ils ajournent leur décision jusqu'à ce qu'ils aient considéré chaque sujet sous toutes ses faces,et en attendant, l'action de la chambre élective est suspendue. Que faire à cela ? S'y résigner, et même dans un sens y applaudir. C'est, après tout, l'honneur des nouveaux députés d'en agir ainsi ; l'indépendance et les scrupules de la conscience politique, fussent-ils exagérés, méritent l'approbation des bons citoyens. Mais ce qui est digne de blâme, ce qui est souverainement in juste, c'est d'accuser le ministère de cet obstacle entièrement indé pendant de sa volonté, et qu'il aurait même tort de chercher à .renverser avec une impatiente précipitation. Puisqu'on a voulu une chambre nouvelle, puisqu'on veut une chambre qui ne soit point inféodée aux exigences du pouvoir, une chambre conscien- - cieuse, indépendante, qui se donne le soin d'examiner attentive ment toutes les questions avant de les -décider, il faut bien aussi ' accepter les inconvéniens. d'un pareil état de choses. Si un autre ministère prétendait, dans de telles circonstances, enlever les lois au pas de course, le pays ne l'en féliciterait pas du tout. "Une secondé cause de l'inaction de la chambre se trouve dans • les lois mêmes qu'elle "est appelée à voter . Ce serait une grande...
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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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