Extrait du journal

gards satisfaits qui l'avaient tranformée et refaite presque belle et presque jeune, au point que ses anciens amis auraient eu peine à la reconnaître, si d'aventure ils l'avaient rencontrée à Monaco. Elle ne se sentait pas d'aise à l'idée qu'elle entendrait appeler sa fille : Ma dame la marquise ! et que la fortune de l'époux mettrait le comble à leur bon heur et à leur bien-être, qu'elle voyait, sans cela, fort compromis; elle se berçait g l'idée de voir sa chère Denise traîner ses robes de velours1 et de soie sur les marbres blancs du palais de Venise; elle la voyait se promener en gondole, semblable à une reine, suivie de ses ado rateurs comme d'autant de sujets ; elle jouissait de toutes ces choses qui étaient son oeuvre, et les nombreux domestiques, de.la richë demeure du marquis lui fai saient assez de loisirs pour que sa: satis faction ne fût troublée par aucune-chose étrangère, par aucun des labeurs qui absorbaient son existence depuis si lon gues années. Denise n'avait pas tout à fait , attendu la permission que devait lui donner sa. mère pour encourager le marquis à se prononcer; sa coquetterie aidant, elle avait préparé les avenues au bel épouseur. - ' On avait été faire, en mer, une de ces excursions que la , température rendait charmante, et le marquis, qui ce jour-là avait, par hasard, déserté les salles de jeu, faisait à Denise une cour d'autant . plus empressée que la jeune fille l'en courageait davantage. L'Espagnol est vantard, dit-on; mais l'Italien ne manque pas non plus d'une certaine faconde tendant à le mettre en lumière. Auprès des femmés surtout, l'Italien se laisse facilement aller à un langage imagé et caressant, qui revêt une familiarité, jusqu'à un certain point;...