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La Presse, 26 octobre 1838

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La Presse
26 octobre 1838


Extrait du journal

PJBffflS, On sait ce que nous pensons.de la réforme électorale. Nous croyons qu'il faut la considérer surtout du côlé des produit1 qu'elle amènerait, et il doit être démontré pour tous qu'il .n'existe pas de génies inconnus, par le temps de publicité où nous sommes. La France, battue en tout sens, ne donnerait pas trois hommes capables de plus que nous n'en possédons, et en vérité, il serait insensé de se mettre deux ou trois millions pour une si mince besogne. En outre, considérons, que cette politique des cohues et des votes en plein air, est une vieillerie renouvelée des Grecs et des Romains, bonne seulement pour l'époque où une ville constituait un état, et où les nations, qui tenaient entre quatre murailles, s'enfermaient à double tour chaque soir en se mettant au lit. On comprend le suffrage universel à Athènes, parce qu'Athènes, ville à peu près aussi grande que Saint-Denis ou que Poiss^, ne con tenait pas quatre citoyens qui ne se connussent intimement; on le comprend à Argos, à Corinlhe, à Thèbës, à Rome même jus qu'aux guerres puniques, parce que les affaires de ces villes, qui étaient autant de nations, se traitaient comme se traitent les af faires des villes actuelles, c'est-à-dire par des sénats qui étaient absolument la même chose que nos conseils municipaux, avec quelques attributions de plus; mais vouloir appliquer le suffrage universel à six mille villes à la fois, et à tout un pays comme la France, c'est prouver qu'on a besoin d'une dose d'ellébore dans les plus gigantesques proportions. Ceci est bien plus fort encore, lorsqu'on a la prétention d'allier la souveraineté légitime du nombre, dont le suffrage universel est l'expression, à la- souveraineté légitime d'une race royale, c'està-dire lorsqu'on veut mettre en présence et faire vivre ensemble deux souverainetés égales et d'origine opposée. Or, ceci est jus tement la prétention de la Gazelle de France. Nous ne voudrions pas qualifier pour notre compte une pareille façon de contenter' à la fois les royalistes et les républicains, d'être oiseau et souris, et de déployer un drapeau blanc doublé d'étoffe rouge ; mais M. - Henri de Bonald la qualifie ce matin dans la France, en lui donnant le nom d'insigne charlatanisme. Nous ajouterons que l'expression ne nous paraît pas excessive. Oui, c'est une idée étrange, pour ne pas lui donner d'autre nom, de se dire royaliste légitimiste, c'est-à-dire royaliste avec une dynastie plutôt qu'avec une autre, et de prêcher le suffrage universel; de proclamer d'un côté le droit absolu d'une famille, et de l'autre le droit absolu des habitans d'un pays, au gouverne ment de ce même pays ; car enfin, en mettant cette politique à l'épreuve, il peut arriver que les habilans du pays se prononcent sur de certaines matières contre l'avis de la famille régnante, ou que la famille régnante se prononce sur cette même matière con tre le vœu du pays ; laquelle des deux souverainetés l'emportera, puisque deux souverainetés absolues sont toujours nécessairement égales ? Oui, c'est une idée plus étrange encore, de se dire catholique, et de faire semblant de défendre le catholicisme par un journal, par des publications et même par une profession ecclésiastique, et de battre en brèche, en prêchant l'égalité absolue des droits, les idées d'hiérarchie et de classement selon la discipline, qui sont la base de l'église catholique; c'est une contradiction inouïe, où, comme le dit M. Henri de Bonald, un insigne charlatanisme, d'ad...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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