Extrait du journal

LA SITUATION ACTUELLE EN ALGERIE Quoi qu'aient pu dire les rares défen seurs du régime militaire pour dénaturer le caractère de la question algérienne, et passionner le débat en le portant sur le terrain politique, le problème demeure avanttout économique. Tout le mal est venu de la flagrante impéritie des maîtres que l'on a donnés à notre grande colonie. Etrangers par toutes les habitudes de la vie militaire aux idées, aux nécessités de la vie civile, ceux-ci se sont refusés à voir ce que tout ,1e monde apercevait, la ruine inévitable de la population arabe soumise à un régime destructeur de tous les élé ments de la vie sociale. Là est la suprême gravité de la situa tion. . Rien n'a été fait depuis l'hiver pour apporter un remède efficace à la misère des Arabes. Le mal continue de suivre son cours fatal; avec l'hiver vont reparaître la famine et le typhus, cette peste de la faim qui emporte les victimes épargnées par l'autre fléau. L'insuffisance des terres ensemencées a été hautement signalée dès le printemps dernier; Le manque de blés pour les semen ces, les bestiaux et tout le cheptel vendus pour satisfaire à une faim dévorante, tout indiquait que les Arabes étaient dans l'im possibilité de cultiver l'étendue de terres nécessaire à leur subsistance. Malgré les assertions de l'optimisme officiel, les qua tre cinquièmes du territoire militaire sont demeurés vides de toute culture. Si favo rable qu'ait été la récolte, la quantité de blé indispensable a fait défaut. Dans quel ques mois, tout le produit des récoltes aura été consommé. Où prendra-t-on de quoi nourrir les populations indigènes? • Si le présent est terrible, l'avenir est plus grevé. Réduites à la pauvreté, les tri bus se sont en outre chargées d'une dette : supérieure à leurs forces. Elles ont em prunté pour acheter des semences, et, la récolte achevée, il ne leur reste rien pour rembourser les avances qu'il a fallu leur faire....