Extrait du journal

Au milieu des heures troublées que nous traversons et malgré tout ce qui semble devoir diriger nos regards vers ailleurs, chacun continue paisiblement dans sa petite sphère à agir suivant l'habitude qu'il s'est fixée. Tous, dépendant. d'un vaste organisme, nous restons dans la petite case que nous nous sommes bâtie et, en dépit de l'inclémence des temps, le commerçant se borne à son commerce, l'artiste à son art, le penseur à sa philosophie. C'est d 'ailleurs beaucoup mieux ainsi, et ce calme, cette maîtrise sont au demeurant d'excellents symptômes de bonne santé sociale. Restons donc aujourd'hui dans le domaine de la pensée et des lettres. La revue « Les Marges » vient d'ouvrir une enquête et d'adresser aux littérateurs et, je l'imagine, également aux penseurs, la demande suivante : « Pensez-vous que la liberté d'écrire doit rester entière chez nous ? Etes-vous contre toute censure, sous quelque forme qu'on veuille la faire renaître ? »...