Extrait du journal

Quoi qu'il en soit, les auteurs discutent avec leur contradicteur sur la cruestion du cinéma-drame et celle du cinéma pur. On sait que L'avant-garde aspire à créer la symphonie visuelle qui, sans le secours d'aucune action, par le simple déplacement de figures et de volumes créerait un poème visuel. Et, à l'appui de leurs prétentions, les avant-gardistes vous sortent des tas d'expressions musicales destinées à expliquer leur conception. — Entendezvous le latin ? disait Sganarelle. Et comme le père de la muette n'entendait pas le latin le faux médecin débitait des vocables en us et en uni. Le jour où l'on M'expliquera la façon dont ON construira une fugue en images, comment se feront sur l'écran les résolutions exceptionnelles de neuvième et les pédales de toniques, je commencerai à croire à l'existence de cette musique pour sourds que serait- la symphonie visuelle. Parce que plusieurs critiques sagaces ont découvert quelques étonnantes affinités de la musique et du cinéma, immédiatement de jeunes pontifes ont déclaré qu'il y aurait un cinéma pur comme il existe de la musique pure. Foin du drame, de la tragédie même, arts inférieurs impurs, et vive l'oratorio cinématographique sans scénario, sans personnages et sans décors qui mettra en mouvement les tableaux de Fernand Léger....