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La Presse, 27 novembre 1844

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La Presse
27 novembre 1844


Extrait du journal

dessein de très jeunes gens, parce qu'ils voulaient des caractères souples; des cœurs chaleureux, des courages intrépides qui ne fussent pas aisé ment rebutés par les dégoûts et les fatigues de la rude tâche acceptée. D'ailleurs, et c'est Rousseau, je crois, qui l'a dit, les enfans ne s'atta chent promptement qu'aux hommes jeunes; or, toutes choses devant se faire à la colonie par la persuasion de l'amour, il fallait songer à rendre les instituteurs quelque peu aimables. Pierre sourit ën disant cela de son plus charmant sourire. —S'il y en a beaucoup qui vous ressemblent, reprisse, vous devez ga gner bien vite tous ces pauvres cœurs. —Il est très rare que notre autorité soit méconnue, dit-il ; il est vrai que nous nous efforçons de la rendre toujours équitable et douce ; nous tâchons d'entrer dans l'esprit de notre rôle; vous ne vous douteriez guère, monsieur, ajouta-t il en levant sur moi son beau regard placide, que je suis père de famille. -Expliquez-vous, lui dis-je. —Je vais vous faire comprendre notre organisation, me dit-il. Nos enfans sont répartis dans des maisons séparées, disposées symétrique ment autour d'une place à l'extrémité de laquelle s'élève l'église. Chaque maison réunit quarante colons qui composent ce que nos fondateurs ont voulu nommer une famille, afin de rendre autant que possible à ces in fortunés l'image des sentiniens dont le sort les a presque tous privés et de substituer ainsi la notion d'une protection affectueuse à celle de l'in différence oppressive qu'ils ont trouvée dans les maisons de détention. Le chef, ou père de famille* est un contre-maître qui a sous ses or dres deux sous-chefs contre-maîtres et deux frères aînés, élus tous les mois par les colons eux-mêmes dans leurs rangs. Les faisons sont divisées en trois étages. Au rez-de-chaussée, les ate liers; au premier et au second, un dortoir pouvant contenir vingt ha macs, et servant de réfectoire au moyen d'un mécanisme ingénieux qui replie les hamacs le long de la muraille, et abaisse une table dans toute la longueur de la pièce. La règle de Mettray tient tout à la fois de celle du cloître, du collège, du régiment et de la prison, sans être complètement aucune de ces dis ciplines. Le matin à cinq heures, les colons sont éveillés par la diarie et c'est le son du clairon qui marque les différentes phases de la journée. Après qu'ils se sont habillés en silence (leur vêtement consiste, été com me hiver, en une blouse et des pantalons de toile grise, ils marchent pieds nus dans des sabots comme les journaliers des campagnes), ils font la prière en commun, puis les détacbemens sont emmenés parles chefs d'ateliers à leurs divers travaux. Les travaux des champs et des jardins tiennent la plus grande place à Mettray, cependant la colonie de vant se suffire à elle-même, il y a des ateliers de maçons, de menuisiers, de maréchaux, de forgerons, de sabotiers, de vanniers, de tailleurs, de charrons, etc., etc., etc. On quitte les travaux pour l'heure des repas ;...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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