Extrait du journal

Cache plus qu'a demi ce visage charmant, Si bien que l'oeil hesite, et qu'on ne sait comment Distinguer de la fleur ce bel enfant qui joue, . Et si 1 on voit la rose ou si 1 on voit la joue. Ses yeux bleus sont plus beaux sous son pur [sourcil brun. En ede tout est joie, enchantement, parfum; Quel doux regard, l'azur 1 et quel doux nom, Mariel Tout est rayon,; son œil éclairé et son nom prie. Pourtant, devant la vie et sous le firmament, . .Pauvre être 1 elle se sent très grande vaguement; Elle assiste au printemps, à la lumière, à ljotnbre, Au grand soleil couchant horizontal et sombre, A la magnificence éclatante du soir, Aux ruisseaux murmurants qu'on entendsans les . ■.'■ -■ [von-, Aux champs,: à la nature éternelle et sereine, Avec la gravité d'une petite reine ; Elle n'a jamais vu 1 homme que se courbant; Un jour, elle sera duchesse de Brabant ; i Elle gouvernera la Flandre ou la Sardaigne. Elle est l'infante, elle a cinq ans, elle dédaigné.Car les enfants des rois sont ainsi; leurs fronts [blancs Portent un cercle d'ombre,et leurs pas chancelants Sont des commencements de règne. Elle respire Sa fleur en attendant qu'on lui cueille un empiré; Et son regard, déjà royal, dit : C'est à moi. Il fort d'elle un amour mêlé d'un vagué éfTroi. Si'quelqu'un, la voyant si tremblante, et si frêle, Fût-ce pour la sauver, mettait la main sur elle, Ayant qu'il eût pu faire un pas ou dire un mot, Il aurait sur le front l'ombre de l'échafaud....