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La Presse, 28 février 1922

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La Presse
28 février 1922


Extrait du journal

La guerre a'ecommence. Rassurez-vous, il s'agit de la guerre aux microbes. Je dis « rassurez-vous », car s'il fallait s'en faire pour ces infiniment petits, nous se rions amenés à ne plus manger, à ne plus dormir, à ne plus nous divertir, à ne plus nous aimer. Non, il ne faut pas prendre les microbes au sérieux et, si un combat s'impose, nous devons l'engager non avec lesdits microbes, mais avec les gens qui nous signalent leug présence. Car il est un microbe plus dangereux que tous les autres, celui qui iiabite les méninges de ces insupportables chercheurs de microbes. Ces personnes ayant un si grand souci de la santé publique voient des microbes par tout : hier dans les confetti, aujourd'hui dans la verrerie de nos cafés. Oui, si nous les écoutions, nous cesserions de prendre notre apéritif chez le bistro du coin, car les verres lavés avec une eau insuffisamment chaude et par suite non sus ceptible de détruire les microbes, peuvent, disent-ils, nous communiquer les plus graves maladies. J'admets qu'ils- aient raison, mais outre que je ne me vois pas me promener avec une timbale accrochée â ma chaîne de mon tre afin d'éviter la dangereuse verrerie des cafés, bars et brasseries, jamais je ne me ferai à l'idée de supprimer mon vermouthcassis quotidien ou, en été, de renoncer au book bien frais destiné à tuer le microbe de la soif. D'ailleurs la nature, qui a fort bien fait les choses, créa des microbes de toutes cou leurs et d'opinions politiques différentes. Ces microbes passent leur temps, comme les hommes, à se faire une guerre acharnée, à se détruire pouir notre plus grand bien. Je ne nie pas l'existence du microbe de la verrerie des cafés, mais qui peut me prou ver que ce.lui de la nicotine, par exemple, ne l'extermine pas ? Nous avons de même le microbe du Métro dont l'existence est prouvée. Eh ! bien, j'ai remarqué que le microbe du Picon-Menthe est son plus "mortel ennemi et que celui-ci nous débarrasse de celui-là. Non, ce qu'il importe de faire n'est pas de se priver de certaines satisfactions dans le but d'éviter tel ou tel microbe, mais bien de chercher le microbe .contraire assez puis sant pour nous débarrasser du premier. Et ensuite nous n'aurons plus qu'à déni cher le nouveau microbe capable de réduire à néant 1e miorobe-contraire et ainsi de suite jusqu'au jour où le microbe de la mort viendra nous délivrer de tous lés autres. —• Jean Kolb....

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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