Extrait du journal
DEBATS DE LA PRESSE. Le Constitutionnel vient de découvrir une trahison infâme dont le mi nistère nouveau en général, et M. Guizot en particulier, se sont rendus coupables envers la révolution de juillet; c'est quelque chose que l'on ne dit qu'à voix basse et en frémissant, tant il est à craindre que l'indigna tion cle l'Europe toute entière n'éclate, en voyant jusqu'où peut aller la perversité humaine. Même, nous n'osons prendre une pareille révélation sous notre propre responsabilité, et nuus laissons parler le Constitution~ ne/ lui-même. Voici le fait : « M. Guizot s'obstine à se dire le très humble sujet du roi, au bas des rap ports qu'il présente à l'approbation de Sa Majesté. » Le voilà connu, ce secret plein d'horreur, et il n'est pas un bon Fran çais, pas un homme de bien qui ne gémisse du péril où se trouve réduite la nation. Le Constitutionnel ajoute : « Bien convaincus, par l'opiniâtreté même de M. Guizot, qu'il y a quelque chose de fort sérieux sous ces formules d'adulation surannée, nous mettrons une égale opiniâtreté à les signaler comme une atteinte à la révolution et à la royauté elle-même. Grâce au ciel, nos protestations réitérées sur ce point n'ont pas été sans écho et sans résultat. » - , Cela est vrai; il y a six ans que le Constitutionnel travaille à extirper cet abus, et il a acquis, en remplissant cette noble tâche, la réputation de journal spirituel dont il jouit en ce moment. Il est certain encore que le reste de la presse a été assez obligeante, durant ces dernières années, pour faire chorus avec lui; mais nous doutons fort qu'elle y revienne cette an née, parce que l'opinion publique est devenue fort railleuse, et qu'à une époque de réabonnement, il n'est pas adroit de faire rire à ses dépens. Néanmoins le Constitutionnel, dans son article de deux colonnes, inti tulé : Nouvel essai des anciennes qualifications .féodales, tout en fulmi nant contre le mot sujet, mis au bas d'un rapport au roi, se permet une qualification des plus féodales, car il appelle le roi, sa majesté. IL nous paraît que le terme de majesté est, pour employer l'expression du Constitutionnel, d'un servilisme bien plus plat que le mot sujet ; car à prendre la chose dans sa réalité, un simple citoyen est bien plus sujet visà-vis du roi, que le roi n'est majestueux vis-à-vis des citoyens. Le mot sujet mis au bas d'un rapport, ne veut pas plus dire qu'on est soumis, que le mot serviteur mis au bas d'une lettre ne veut dire qu'on: est domestique. Le tout est de savoir s'il faut réformer la langue de la société polie, et s'il faudra dire je vous salue, au lieu de j'ai l'honneur de vous saluer „ car il est clair qu'il n'y a réellement aucune espèce d'honneur à ôter soir chapeau ; et même ce sera une grande question de savoir si la dignité de l'homme ne lui défend pas de s'incliner devant un autre homme, puisque c'est lui accorder, momentanément au moins, une espèce de supériorité-. Si 1 on réforme la phraséologie du monde élégant et si l'on passe l'éponge: sur l'urbanité française, dès lors, tout sera dit; dès lors,"le roi ne serai plus que le sieur Louis-Philippe d'Orléans, quai des Tuileries, nn 1. Ce sera peut-être plus grossier, mais le salut de la France exige biein quelque sacrifice. Du reste , cet abus offroyable n'est pas le seul que le Constitutions gignale à ses lecteurs, qui doivent bien rire pour peu qu'ils atent plus d'esprit que le journal ; en voici un autre : « Un autre abus plus grave encore, c'est l'octroi bénévole et tacite qu'a fait le gouvernement aux évêques et archeyêques, de ce titre àc monseigneur, qui a été enlevé aux ministres. M. de Broglie est le premier des ministres de la révolution qui ait ainsi qualifié les membres de l'épiscopat français. Le mot de...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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