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La Presse, 29 juin 1838

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La Presse
29 juin 1838


Extrait du journal

.maisons louées, pas,de portiers. Chacun ayait sa maison où il vivait avec sa famille. Si c'était la maison d'un pauvre, bourgeois, c'était une bicoque ayant pi gnonsur rue, c'est-à-dire une toiture à angle aigu, fer mée par la cloison de la façade qui allait en se rétrécissant de plus en plus, à partir du premier étage. Si c'était la maison d'un conseiller au par lement, d'un auditeur au Chàtelet, d'un maître à la cour des comptes, ou d'un chanoine de Notre-Dame , il y avait à droite de la porte une grosse pierre haute de trois pieds, pour aider le propriétaire à monter sur sa mule quand il allait le matin à sa besogne, car il n'était ni commode , ni sûr de se hasarder à pied dans les boues et dans l'obscurité de Paris. Si c'était le logis d'un seigneur, fort reconnaissable à sa tour, il y avait, aux deux côtés de l'entrée, deux grands éteignoirs en tôle, sous lesquels les valets de pied mettaient leur torche, quand les maîtres rentraient le soir. Les voitures étaient fort rares, et les rues trop étroites pour leur donner passage ; les réverbères étaient à peu près inconnus, et il n'y a pas encore, quatre-vingts ans, qu'on trouvait de distance en distance dans lèsTues, à l'entrée de la nuit, des dépôts de lanternes allumées, que les piétons louaient à l'heure, avec un garçon qui les portait. Depuis que la 1 évolution a vraiment fait de Paris la capitale delà France, en détruisant les administrations provinciales et en attirant tou tes les affaires au centre, Paris s'est peuplé de provinciaux et d'étran gers. Alors sont venues les maisons louées, alors sont venus les portiers. Les capitalistes ont dirigé leur argent vers la spéculation des bâtisses, et on n'a plus construit des maisons, mais des caravansérails. Autrefois, quand on voulait bâtir, on appelait l'architecte et on lui demandait des plans. Aujourd'hui, tout cela est changé ; le terrain coûte tant, la consr truction tant, et il faut que le nombre des chambres soit assez considé rable pour payer l'intérêt. Il n'y a donc plus d'architecture possible, puisqu'il n'y a plus de terrain perdu. Adieu les cours, adieu les galeries, adieu lfes salles grandes et hautes, adieu les corridors ; on ne fait plus des logis pour des maîtres, mais des tannières à locataires : et telle a été la rapidité avec laquelle Paris s'est accru, que les propriétaires ont été obligés de prendre pour portiers des gens sans éducation spéciale et qui n'ont pas pu se préparer aux qualités nécessaires à leur emploi. Il y a vingt ans, les cochers de fiacre étaient, de sales rustres ; aujourd'hui, ils sont toujours sales, mais ils sont un peu moins rustres ; dans vingt ans, ce seront des conducteurs propres et polis. Dans quelques années, les portiers s'amélioreront aussi ; ils n'enverront plus chez vous les gens dont on n'a que faire ; ils n'empêcheront plus de monter les gens que voUs at tendez; et ils ne vous feront plus de querelles avec les personnes qui...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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