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La Presse, 29 novembre 1837

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La Presse
29 novembre 1837


Extrait du journal

Paris, %8 novembre. Avant que les portes de la nouvelle chambre soient ouvertes, l'in trigue y vient déjà frapper pour obtenir la première place. On s'agite, on manœuvre, on se coalise, on invente des catégories, on exploite les noms et les opinions des nouveaux députés, on fractionne la ma jorité réelle, on crée une majorité imaginaire; et tout cela, dans quel but? De qtioi s'agit-ilt Yeut-oh faire prévaloir des principes mé connus ou foulés aux pieds? Veut-on changer certaines lois, modifier les faits accomplis? Est-ce une réaction que l'on redoute, et se propose-t-on de la provenir? Entre-t-il enfin dans ce débat quelque sol licitude pour les intérêts moraux et matériels du pays? En aucune maniéré, du moins que nous sachions. Il s'agit tout simplement d'une question de personnes, d'une affaire de noms propres ; on attaque, non les choses,:ni même les hommes du pouvoir, mais les porte feuilles, et l'on ne craint pas d'exposer la France à de nouvelles agi tations politiques, ou tout au moins à une longue perte de temps, pour satisfaire des ambitions individuelles et des prétentions de coterie 1 si l'on avait l'intention de déconsidérer le gouvernement repré sentatif , d'avilir la presse, de mécontenter les bons citoyens, on ne s'y prendrait pas mieux. Considérez, en effet, s'il y a des principes engagés dans cette que relle. A coup sûr, les hommes du centre, gauche, pour employer le terme qu'ils paraissent affectionner aujourd'hui, ne reprocheront pas au ministère d'avoir violé la charte ou compromis la dynastie; ils ne l'accuseront pas de mesures tyranniques contre les droits des citoyens, ni de coups d'état contre la liberté, ni d'arrière-pensées en faveur d'une troisième restauration. Ces calomnies ineptes sont à l'usage de l'extrême gauche et de l'extrême droite; on conçoit que les organes des opinions extra-légales ne reculent devant aucune extravagance, pourvu qu'ils y trouvent le moyen de prolonger leurs illusions ou de nourrir leurs colères pendant vingt-quatre heures de plus ; mais les esprits sérieux et modérés, les hommes qui veulent sincèrement l'or dre établi, n'adopteront pas de telles impostures. Ils savent, ils avouent que le pouvoir a respecté les principes constitutifs de notre nouveau régime social, qu'il a maintenu les droits publics et indivi duels, observé la charte, servi fidèlement les vrais intérêts de la cou ronne, et que l'alliance de l'çrdre et de la liberté, loin d'être mise en danger, s'est affermie depuis le 15 avril. Que feraient donc de plus, à cet égard, les candidats qu'on nous présente pour les portefeuilles ministériels ? Que feraient-ils d'autre ou de mieux? Et s'ils doivent suivre la même route, est-ce la peine de changer ? Nous comprenons fort bien que l'en propose d'autres hommes pour soutenir et réaliser d'autres principes, il est tout naturel alors de ré clamer un nouveau cabinet ; la nécessité des ehoses l'exige, et l'opi nion y applaudit. Qu'on nous apprenne donc, si on le peut, quels sont les principes qui n'ont pas obtenu satisfaction du ministère actuel, et qui l'obtiendraient d'un ministère choisi dans ce qu'on nomme le cen tre gauche ! Sinon, le changement que l'on demande serait un effet sans cause, où du moins sans aucune cause que l'on puisse avouer. Mais, tout en ayant les mêmes principes généraux, on peut avoir d'autres vues sur certaines lois ou sur certains faits particuliers, et cela seul justifierait un changement de ministère ! Soit : voyons donc ces lois et ces faits particuliers. Est-ce la législation de septembre que l'on. se proposerait d'abroger ou de modifier dans quelques-unes de ses dispositions essentielles? Ce n'est guère probable; car les organes dn tiers-parti ont défendu ces lois contre les attaques de l'Opposition, et se font contentés de dire, pour l'acquit de leur conscience politi que, qu'il faut en laisser dormir quelques articles, sauf à les employer dans les cas extrêmes. Le cabinet du 15 avril n'a-t-il pas suivi à la lettre cette règle de conduite? D'ailleurs, parmi les hommes qu'on met en avant pour lui succéder, n'en compte-t-on pas plus d'un qui a voté, bien plus, soutenu à la tribune, bien plus, rédigé les lois de sep...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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