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La Presse, 8 juin 1837

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La Presse
8 juin 1837


Extrait du journal

peuple, une ouvrière en bonnet rond', pousse brusquement une vieille élégante : « Laissez-moi voir la princesse, dit-elle, vous la verrez ,à la cour, vous, mesdames. «La vieille élégante la regarde dédaigneuse ment, puis elle dit à sa fille : « La brave femme ne sait pas qu'elle a plus de chance d'aller à cette cour-là que nous. — Sans doute, reprend la jeune héritière, en souriant ; qu'elle épouse un épicier, elle sera grande dame. » Ce dialogue nons apprend que les carlistes sont venus aussi pour voir passer le cortège. Mais enfin le voilà. Les cuirassiers s'avancent, ils se séparent; regardez, ils tournent le bassin, leurs cuirasses se ré fléchissent dans I!eau. C'est charmant. — Ceci, c'est la garde nationale à cheval. Ah ! utr tel a un cheval superbe. Elle est très belle, la garde nationale achevai... Le roi!... M. de Montalivet, les ministres. Ils vont trop vite, je n'ai rien vu. — Voici la reine : — quel [air noble! comme elle est bien mise! celte capote blene est ravissante! — La princesse Hélène regarde de ,ce côté ; comme elle a l'air jeune.— Ah ! je ne vois plus que son chapeau, il est très joli; il est en paille de riz blanche avec un grand saule de marabout. Sa robe est très élégante ; c'est une redingote de mousselinedonblée de rose. M. le duc d'Orléans est à chevaf auprès de la voitur^p. la reine. — Quelles sont toutes ces femmes dans les voitures de suite ? Quels vieux chapeaux! quelles robes fanées ! Pour une entrée triomphale à Paris, ne pourraisnt-ellès pas faire un peu de toilette? Quoi de plus commua qu'une robe grise avec un chapeau rose! Le cortège a l'air très pauvre, les voitures sont ;forl laides et trop chargées; on dirait ces commbncemms de calè ches que les carrossiers essaient, et dans lesquelles ils entassent tous leurs ouvriers et tous leurs amis pour savoir si les ressorts sont bim solides. Vrai , le cortège était plus beau à attendre qu'à vpir passer. \ • liufin elle est parmi nous , cette princesse dont on nous parle tant depuis deux mois. Son apparition est une surprise agréable; jamais souveraine ne fut moins flattée; jamais portrait moqueur n'a produit un meilleur effet. Cela nous prouve que la malveillance nouS sert mieux que, la flatterie; et qu'en général, lés ennemis sont encore plus maladroits que les amis. ... L'arrivée de la princesse Hélèae'en France a été pour nous le con traire d'une illusion. De loin, une erreur semble belle; mais à mesure qu'on s'approche, le charme s'évanouit ; cette fois, tout s'e^t.passé différemment. Quand la jeune- étrangère était encore- en Allemagne, on nous disait : La princesse Hélène, elle est affreuse, elle est maigre, sans grâce; elle a* de vilains cheveux roux , un grand pied allemand , une main décharnée ; ses yeux sent petits, sa bouche est grande; élie est laide comme madame une telle, comme mademoiselle une telle; et l'on...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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