Extrait du journal
Quant à nous , nous remercions sincèrement la feuille minis térielle d’avoir fait en notre faveur un pas en dehors de sa sphère pour traiter un sujet peu familier aux journaux orléanistes ; mais là où il s’agit d’honneur et de probité politique, nous donnons quelquefois des leçons, et nous n’en recevons jamais. Tout ceci n’est que la forme de la pensée ministérielle, main tenant en voici le fonds. Qui a soulevé cette grande colère? D’où vient cet emportement si prodigue d’injures ? La cause de tout cela est dans un seul mot. Nous avons été assez mauvais ci toyens pour écrire, au nom des députés royalistes sur le drapeau de la session de 1834 , le mot odieux , le mot coupable et surtout le mot tombé en désuétude, d’économie. Le banc et l’arrière banc des doctrinaires en ont tremblé. Le Journal de Paris ne peut con cevoir cet excès d'audace. L’opposition royaliste se présentait pour soulager les contri buables, pour diminuer les impôts, pour empêcher les prodiga lités financières, pour s’opposer aux scandales des budgets votés à la coursc’et aux saletés des pots 'Jé fin; en’vérité, si c’est là’un service rendu à ceux qui paient budgets, c’est une person nalité contre ceux qui les mangent. Diminuer le budget c’est presqu’une émeute et c’est tout au moins l’anarchie morale dont l’crléanisnie a tant parlé ; aussi le Journal de Paris nous trouve-t-il presque républicains. La fureur de Végoïsme écla te dans toute sa naïveté : ils combattent pour leurs foyers , on le voit bien. Yy a-t-il pas quelque cruauté aux députés royalistes a venir déranger ainsi le pillage de la fortune publique qui s’ef fectuait chaque année avec tant de discipline? Ces gens-là sont capables de tout, même d’empêcher la ban queroute; ils ne demandent aux ministres que des économies ; ce sont des hommes, vous le voyez, dont on ne fera jamais rien et qui seront réduits, à se passer de l’éloge du Journal de Parts et de l’estime de M. Thiers. Tandis que le Journal de Paris s’y prend ainsi à l'avance pour en gager les contribuables à se défier dés députés royalistes et des éco nomies dont ils menacent le pays, le Constitutionnel, nous l’avons dit, se charge de défendre l’indépendance de la France et son honneur contre la Quotidienne. Nous éprouvons toujours un grand embarras quand il s’agit de répondre a çe triste journal. Nous ne savons point comment il a le courage de parler de l’honneur na tional, compromis sur toutes les frontières par le gouvernement dont le Constitutionnel est l’organe si dévoué, comment il ose se faire le champion de notre indépendance, honteusement courbée par ses amis p Iniques, devant l’omnipotence du cabinet de St.James. * Ce parlage de patriotisme est bien déplacé dans la bouche de ceux qui ont abaissé la fortune de la France jusqu’au point où onia voit aujourd’hui. Ce* n’est pas avec une vaine phraséolo gie qu’on remplacera les alliances que les royalistes avaient don nées à la France, et que l’ordre de choses actuel lui a ôtées; et en laissant de côté toutes les figurés de rhétorique qui embrouil lent les questions, il s'agit seulement de se demander si la Fran ce bourbonienne, qui pouvait à son choix faire la guerre ou main tenir la paix, sûre dans les deux cas d'avoir des alliances et des avantages, n’était pas dans une m: 'ficure situation que la France orléaniste, réduite depuis quatre ans à vouloir la paix à tout prix et a I acheter par une alliance dont elle subit tous les inconvénieus et dont tous les avantages sont pour l’Angleterre ? La question ainsi posée, et elle ne saurait l’être autrement, quel est le parti de l’étranger? Les royalistes qui veulent rendre a la France sa position de force et de puissance au dehors, ou bien le Constitutionnel et ses amis qui veulent lui laisser sa situation d’infériorité et d’isoleme.it ? Nous ne prétendons point exiger du Constitutionnel une réponse sérieuse trop en dehors des habitudes de son intelligence, mais au moins qu’il fasse grâce au pays de ce zèle malencontreux et de cette indignation ridicule qu’il déploie en sa faveur. il est facile de dire que la France est la grande nation ; mais ce qui est tout à la fois plus difficile et plus important, c’est de la replacer a ce haut rang d’où l’ordre de choses actuel l’a fait descendre. Que la quadruple alliance, déjà morte avant d’être née et imaginée par l’Angleterre et pour l’Angleterre, nous amène ce beau résultat et nous serons tout prêts à reconnaître que la quadruple alliance est un chef-d’œuvre et que l'enthou siasme du Constitutionnel était juste et vrai, ce qui vaut mieux que d’être faux et niais. Après tout, nous comprenons fort bien d’où nous viennent tou tes ces attaques. Le ministère, qui voit les royalistes prêts à dé fendre la dignité de la France dans les questions extérieures, comme ses intérêts matériels au dedans, essaye de discréditer cette opposition toute nationale et toute française qu’il redoute. De la ces injures que le Constitutionnel remue du bout de sa plu me flétrie ; de là ces outrages impies contre l’antique drapeau de la patrie que tant de siècles virent resplendir des feux de la victoire. Malheureux ! vous dites que le drapeau blanc est sali ! Oui, sans doute, sali de la gloire d’Alger, de la gloire de Navarin, tout souil lé d'honneur, tout taché de victoires. Le vôtre! reniant les ma gnifiques traditions de l’Empire, il est sorti tout brillant du sac de Lyon, et il doit l’éclat dont il étincelle au sang français dont vous l’avez couvert !...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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