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La Quotidienne, 5 mars 1832

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La Quotidienne
5 mars 1832


Extrait du journal

d'une solution satisfaisante de cette affaire. Pcndanlque la Grande-Bretagne et la France menacent, que la Russie et l’Autriche conseillent, il y a dans la Belgique même un parti puissant, qui prend journellement des forces , et qui correspond avec la cour de Hollande, dans le but de renouer les rela tions de ce pays avec la Hollande. Ce ne sont pas seulement les Orangistes qui forment en Belgique un corps nombreux et opulent, qui désirent cette réunion ; mais encore beaucoup de libéraux, trompés dans leurs espérances d’une liberté réelle, aspirent après un changement ; de sorte que , pendant que le comte Orloff conseille ou fait, semblant de conseiller, le parti orangiste en Belgique se renforce et fraye la route d’une contre-révolution. Il est probable, d’après cela, que le roi ne consentira pas à renoncer aux es pérances de ce côté, en adoptant les vues de la conférence. On dira peutêtre qu'il est du devoir et de l'intérêt de toutes les grandes puissances d'in sister sur un prompt arrangement de cette, question , afin de prévenir la possibilité d’une contre-révolution qui entraînerait une guerre générale en F.urope, attendu que la France ne permettrait pas une nouvelle réunion de la Belgique avec la Hollande, tandis que la Russie et la Unisse s’opposeraient à toute intervention de la France dans une discussion purement inté rieure. .j -, Mais il n’est nullement certain que le gouvernement français, malgré l’in térêt que la France prend à l’indépendance de la Belgique, veuille se jeter dans une guerre pour une portion des Belges; car si la vanité des Français les dispose favorablement pour la Belgique , les intérêts de leur commerce et de leur agriculture les porte de l’autre côté, et il est possible qu’ils se contentent «exiger du prince d'Orangc, qui serait le souverain en cas d'une contre révolution, une constitution qui assurerait aux Belges un peu plus de vraie liberté qu’ils n’en ont à présent. Il serait aussi, a la vérité, possible que la France tint une condition différente, ce qui rend d'autant plus important que cette affaire soit arrangée sans retard, afin d’empêcher une réaction en Belgique. Mais la conférence emploiera-t-elle pour cela la force en se fondant sur des principes qu’aucun homme d’état honorable ne pourrait approuver, ou bien cherchera t elle à satisfaire le roi de Hollande sur des points qu’elle a peut-être accordés trop légèrement? Depuis que nous avons écrit ce qui précède, nous avons vu une lettre de La Haye écrite par une personne parfaitement instruite du sujet delà mis sion du comte Orloff et de l’état des négociations. Cette personne nous dit : ■< Il n’y aura point de ratification du traité de la conférence, mais il n’y <• aura point de guerre. » Ceci s'accorde parfaitement avec ce que nous venons de dire. ÉGYPTE. —Alexandrie , Mi janvier. Saint-Jean d Acre tient toujours. L’armée d'ibrahim a souffert beaucoup par la faim et le froid et perdu du monde. L’espoir du pacha consiste dans une mine, qu'il sc propose de faire jouer. La flotte renvoie de temps en temps des vaisseaux avariés à Alexandrie. Mehemet-Ali paraît tous les jours en publie, mais sans pouvoir cacher son inquiétude, qui attaque mê me sa sauté. L’envoyé du sultan est traité avec beaucoup de distinction et de soumission , ce qui semble contredire Tes bruits de projets d’indépen dance. Le sultan et le pacha s'observent avec méfiance, et un rétablisse ment sincère des anciennes relations paraît impossible, Si l'entreprise con tre la Syrie ne réussit pas, le pacha sera en grand danger; il ne pourra peut être sc sauver que par de grands sacrifices pécuniaires. ITALIE. — Livourne. 20 février. Depuis qu'on sait que les troupes embarquées à Toulon ne sont pas desti nées pour la Morée, mais pour Ancône, on craint ici beaucoup la guerre. Il paraît presqu’impossible que le gouvernement papal puisse maintenir encore long-temps son existence actuelle; il est impossible qu’il réussisse avec ses propres forces à obtenir des améliorations intérieures. Mais quelle sera l’issue de tout ceci, si des baïonnettes françaises et autrichiennes sont chargées d'opérer ces améliorations? La présence des troupes françaises ne contribuerait-elle pas à exaller les esprit» de$. habitons à un point qui ne permettrait plus d’éviter l'anarchie? Même la capitale échapperait-elle à un bouleversement intérieur? Lequel des deux pacificateurs aurait la préfé rence? Celte nouvelle combinaison n’est pas faite pour assurer la paix. — On remarque de grands mouvemens dans l'armée autrichienne en Ita lie, dont les divers corps détachés se concentrent. Des événemens inatten dus et désagréables paraissent se préparer, amenés par le refus du gouver nement papal, de permettre le débarquement des troupes françaises, dont il n’a pas sollicité l'envoi. Le général en chef comte Radctzki, après avoir reçu un courrier de Vienne, a fait des dispositions qui paraissent indiquer la possibilité d’une guerre prochaine; tout le monde commence à craindre les suites de l'expédition française, si la diplomatie ne trouve pas moyen de procurer un accommodement. ALLEMAGNE. — Des bords du Hein. 2(i février. (Correspondance particulière.) Ou a remarqué il y a quelque temps, dans le Courrier anglais, une cor respondance particulière de Berlin, d’après laquelle les dépenses extraordi il ires oceasionées par l'armée considérable que la Prusse tient en ce mo ment sur pied auraient causé une grande augmentation dans les impo sitions et l’établissement de droits onéreux sur les marchandises. Le même correspondant ajoute qu’il régnait, par suite de ces circonstances, une grande fermentation dans le peuple, laquelle avait déjà l'ait explosion en di vers endroits. Ces faits auraient été soigneusement cachés par les jour naux prussiens ; mais leur authenticité était avérée. Il paraît, d’après oet article, que le Courrier cal aussi mal informé que bien d'autres journaux par ses eorrespondans. Cela n’est pas, sans doute, sa faute ; mais ce qu'on ne peut s'empêcher de lui reprocher, c’est l’authenticité qu’il attache à la mystification dont il a été la dupe. S'imaginerait-il que si la chose était vraie , lui seul aurait été instruit par un correspondant, trop bien payé peut-être , de la situation de la malheureuse Prusse ? N’aurait-il pas dû soupçonner au moins que, dans ce cas, des journaux plus voisins, ceux par exemple, de l’Allemagne méridionale, en auraient été instruits avant lui?...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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