Extrait du journal
FRANCE. PARIS, B MAI. La pause que la révolution de juillet a été obligée Je faire après les journées parisiennes, en consentant à l'érection d’un nouveau pouvoir, sans doute pour ne pas trop e(Iraver les inté rêts, a été si courte, que les hommes du mouvement veulent au jourd'hui n’y voir qu’une sorte de surprise et regrettent, comme 011 dit vulgairement, de s’être arrêtés en si beau chemin. Ces regrets de ceux qui ont été partie active dans l’œuvre des trois jours, regrets qui peuvent dater du ministère Guizot. répon dent à l’existence d’un sentiment tout contraire chez ceux qu’on pourrait appeler la partie prenante de la révolution : tout cela a constitué un mal entendu . un contre-sens de position auquel 011 a travaillé des deux cotés avec le zèle d’hommes qui 11e peu vent ou ne veulent plus se comprendre. C’est ainsi que cetle révolution qui devait être si progressive, si féconde en améliorations de tout genre, paraît maintenant concentrée dans le cercle étroit où elle a été se jeter dès son origine . n’étant occupée qu’à tourner sur deux pi vots contraires, dont l’un tend à s’arrêter et n’y parvient pas, et dont l’autre réaliserait en politique le mouvement perpétuel, si ce qui est physiquement une chimère ne l’était point aussi moralement. D’abord ça été le projet de loi pour l’abolition de la peine de mort qui a fait éclater les dissentimens des deux partis que la révolution de juillet a placés sur la scène politique. L’abolition de la peine de mort ayant été une des utopies du libéralisme, on ne pouvait la blâmer, mais on attaqua l’inoppor tunité de la mesure, ou montra le danger d’émouvoir les pas sions populaires, et, en définitive, on parla tant qu’on les excita. Les hommes du pouvoir ne se méprirent point sur la nature du mouvement qui eut lieu alors, ils sentirent que les ministres do Charles X n’étaient qu’un prétexte, et qu’on en voulait au nu nistère Guizot, qui déjà préludait au système anti-révolutiomiaire de M. C. Périer. O11 céda cependant à la vivacité du mouve ment d’octobre, M. Guizot dut se retirer, et emporter avec lui la quasi-légitimité, et le ministère Laffitte, que le Journal des Dé bats qualifia d’anarchique , le remplaça. Ce nouveau ministère rencontra bientôt la même opposition que sou prédécesseur. Il semblait être venu au pouvoir pour réaliser les promesses de juillet, on le somma chaque jour de les tenir. Mais comme il 11’avait été appelé aux affaires que pour faire passer le procès des ministres, mission qu’il remplit avec l’aide de cinquante mille gardes nationaux, il ne sut ensuite que céder à la révolution toutes les fois qu’elle se présenta sous la forme des émeutes, et elle ne les épargna point. quoique se* hommes fussent au pouvoir; jusqu’à ce qu’enfin elle arracha, dans une de ses dernières agressions, trois fleurs de lys que l’on avait gardées et que l’on tenait à conserver. Si l’antipathie réciproque qui, dès le commencement de la mo narchie républicaine, s’était déclarée entre les possesseurs du pouvoir et ceux qui avaient fait la révolution d’où ce pouvoir était sorti, s'est montrée dans une foule de circonstances parti culières que chacun a pu remarquer. c’est surtout dans les grandes questions politiques qu’elle a paru au grand jour. D’abord devait-on garder la chambre des députés qui avait sanc tionné la révolution et nommé Louis-Philippe roi des Français? Oui. a dit le pouvoir. Non. ont répondu les hommes de juillet. Et voilà huit mois que cette discussion dure. De sorte que la chambre a été forcée d’offrir elle-même' sa dissolution. Une autre question s’est offerte. Faut-il dissoudre la chambre ou la proroger? On a compris que le pouvoir voulait la proroga tion , on a demandé la dissolution , et le pouvoir a prorogé la chambre. Violentes récriminations contre le pouvoir. Mais il est une question plus importante , plus générale que...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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