Extrait du journal
S’il devait, comme prêtre éclairé, se refuser à s’immiscer dans les secrets des familles, pouvait-il, comme ami d’une des personnes intéressées, s’abstenir de toute intervention dans une conjoncture aussi grave* La sagesse humaine lui disait oui, la charité chrétienne lui disait non : son choix entre ses deux réponses fut bientôt fait. Ainsi lixé sur la ligne qu’il devait suivre, 51. Vialard n'eut plus qu’à songer au moyen qu’il einploirait pour faire con naître la communication qu’il avait reçue et le concours qu’il axait promis. L ue explication veibate était plus directe, plus courageuse aussi, peut-être; mais le caractère violent du jeune Beauregard la rendait hasardeuse, car si Tristan s’en gageait une fois dans une mauvaise voie, son orgueil, ou si l’on veut son indépendance l'empêcherait d'en sortir. Une let tre n’avait pas cet inconvénient : elle serait lue jusqu’au bout, et si elle causait d’abord de l'impatience et de la co lère, la réflexion la ferait envisager avec plus de calme, et comme il n’y aurait pas eu de témoins des premières impres sions qu’elle aurait causées, un pourrait, sans honte et sans sacrifice d’amour-propre, revenir à des senti mens plus rai sonnables. M. Vialard sc détermina donc à écrire la lettre que nous transcrivons ici. « Si, depuis la mort de votre noble père, quelqu’un me connaît encore dans ce pays, à coup sur ce doit être vous, mon cher Tristan. Je ne vous Rirai donc pas ce que je suis, je ne vous rappellerai pas ce que j’ai toujours été : ma vie et mon affection pour vous suffiront à vous expliquer la dé marche que je fais; si, contre mon attente, elles n’y suffi saient pas, je dev rais renoncer à être compris par vous, cal mes paroles trouveraient encore moins le chemin de votre cœur que le souvenir de mes actions. » Vous savez, mon ami, que j’ai toujours compté au nom bre de mes devoirs les plus impérieux la discrétion pour tout ce qui regarde la conduite des personnes qui me sont le plus chères. Quand on me demande mon av is, je le donne ; quand on croit pouvoir s’en passer, je ne l’offre jamais. Si, dans une circonstance récente, j’ai cru devoir vous avertir du blâme de l’opinion an sujet de vos travaux pour embellir la de meure de vos pères, je ne l’ai fait qu’aptès une longue et douloureuse hésitation. Vous ne m’en avez pas su mauvais...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
En savoir plus Données de classification - lamartine
- thiers
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