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La Quotidienne, 9 octobre 1841

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La Quotidienne
9 octobre 1841


Extrait du journal

L’arrestation de M. Dupoty, directeur et gérant du Journal du Peuple, fait aujourd’hui grand bruit dans la presse indépendante. On en cherche le motif ou peut-être le prétexte, et dans le si lence des magistrats instructeurs, on ne trouve pour toute expli cation qu’une prévention impossible de complicité avec l’assassin du duc d’Aumale. C’est assez dire combien les réclamations sont vives. Nous pour rions citer plusieurs journaux. Nous nous contenterons d’un pas sage du Courrier français, dont l’opposition dynastique ne peut être, aux yeux du ministère, solidaire des doctrines du Journal du Peuple : « Nous ne partageons pas les opinions de M. Dupoty ; niais il faut vou loir fermer les yeux à la lumière pour imaginer qu’un écrivain qui dis pose , pour la propagation de ses idées d’un instrument aussi puissant que l’est un journal, abdiquera volontairement cette puissance pour s’abaisser au niveau d’un vil assassin* M, Dupoty est d’ailleurs un homme de mœurs douces, de principes rigides, et le dernier à qui l’on pourrait raisonnablement prêter une pareille pensée. » Que signilie d’ailleurs, si M. Dupoty est impliqué dans le procès de Quénissct. l’embargo que l’on met sur les pétitions qui concernent la réforme électorale ? Dans l’ordre des juridictions, ce n’est pas à la cour des pairs à connaître d’un délit vrai ou suppose contre la loi d’associa tion. Il nous semble que la justice, même quand elle procède de si haut, ne perdrait rien à se renfermer dans les limites que le législateur lui a tracées. » En fait, le rédacteur du Journal du Peuple a été arrêté ; il est détenu préventivement. S’il ne s’agit que d’un délit de presse, l’arrestation est illégale. Si l’on accuse M. Dupoty d’un crime que des malfaiteurs seuls peuvent commettre, l’accusation elle-même est une monstruosité. Nous ne saurions la considérer que comme un épisode de celte conspiration contre la presse dans laquelle le ministère s'efforce d’entraîner les pou voirs de l’état. On ne se contente pas de persécuter les journaux ; on voudrait les décrier. Ou peut bien ruiner la presse ; mais il n’est au pou voir de personne de la dégrader. » Ce n’est pas la première fois qu’on essaie de compromettre la presse indépendante dans une affaire d’assassinat. Lors de la sau vage tentative de Eiescbi, trois écrivains furent arrêtés et détenus au secret le plus rigoureux : Armand Cartel, M. Raspail et M. Iiyppolite de Mauduit, fondateur et directeur de la Sentinelle de l’Armée. Qu’en arriva-t-il ? qu’il fallut les rendre à la liberté au bout de quelques semaines. Après de tels exemples, la presse indépendante n’a-t-elle pas raison de croire qu’on la hait autant qu’on la redoute....

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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