Extrait du journal
EXTERIEUR. Londres, le 7 octobre 1841. Monsieur le llédacteur, Kn général, h Londres, on attache assez peu d’importance, sous le raifort politique, aux dernières nouvelles reçues de la Chine. Depuis deux années que la guerre avec le céleste empire est commencée,_on a, quatre ou cinq fois au moins, annoncé que la paix était faite ; et, à la fin de l’année dernière, le gouvernement chinois avait même pris l’en gagement de payer une somme de 6,000,000 de piastres. Cependant les allaires n’ont pas avancé d’un pas depuis ces deux années, et l’Angleterre n’a pas touché une seule piastre sur les frais de l’expédition, ni sur les perles éprouvées par le commerce. Les premiers se montent en ce mo ment à 50,000,000 de francs. L’opium appartenant aux négocians an glais, saisi et brûlé à Canton, a été estimé à la même somme. Si on ajoute à ces 100 millions la diminution que les droits de douane ont soufferts sur les thés, les soieries et les autres marchandises importées de la Chine, la stagnation commerciale qui a été le résultat de ta lutte en tre ivs deux nations, et enfin les dommages éprouvés par les spéculateurs sur le thé dans la cité de Londres, on ne peut pas évaluer à moins de 120 millions de francs la perte totale qu’a entraînée la maladroite rup ture avec la Chine. Sous le rapport financier, le traité que le capitaine Elliott vient de signer est plus désavantageux encore que le premier, puisque le dédommagement offert par la cour de Pékin couvre à peine le quart de ce qu’il en a coûté à l’Angleterre pour forcer les Chinois à s’empoisonner d’opium. Sous le rapport politique, ce traité à quelque chose de honteux pour les armes anglaises : car il n’est dans le fait, qu’une convention à l'amiable conclue dans l’intérêt des deux parties, et par suite du désir qu’elles ont de rétablir entre elles des relations amicales. Il n’y a point ici de vainqueur qui lasse la loi au vaincu. On sent plus que jamais combien tout est absurde et misérable dans cette expédition ; d’abord le motif qui l’a fait entreprendre, et surtout la ma nière dont elle a été conduite. Tout le monde s’accorde à dire qu’il fal lait frapper vite et fort, et ne pas laisser affaiblir par des demi-mesures, des lenteurs et des maladresses, l’opinion qu’on s’était laite en Chine de la puissance anglaise. Par qui a été représentée cette puissance ? Par un amiral que des palpitations de cœur forcent à quitter sa Hotte au mo ment de combattre, et par un diplomate qui a eu le talent de se brouil ler avec les nationaux, avec ses compatriotes, et enfin avec le gouverne ment qui s’est décidé, un peu tard, â le rappeler. Il est très probable qu’il en sera du nouveau traité comme du premier : il restera sur le pa pier. Lors môme que le ministère consentirait à le ratifier, et peut-être ne ferait-il qu’avec peine cet aveu d’impuissance, il est douteux que les Chinois veuillent sincèrement l’exécuter. Si leur adversaire l’emporte sur eux par la force et la tactique, leur habitude de finesse et d’astuce leur donne sur lui un grand avantage ; en signant une convention provisoire sans doute comme la première, ils auront compté sur les chaleurs de l’été, qui déciment les soldats anglais, et sur les tempêtes qui se font sentir dans ces mers à l’arrière-saison, et qui gênent les inouvemens de...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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