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La Quotidienne, 11 mai 1832

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La Quotidienne
11 mai 1832


Extrait du journal

pouvoir et contre la révolution. On a vu des deux côtés une in dignation à froid, des invectives à froid , c’est-à-dire un senti ment de peur qu’on ne pouvait vaincre et qu’on s’efforçait de ca cher en lui donnant le langage de l’injure. C’a été de part et d’autre de sottes et grossières insultes , et môme des projets de cours d’assises qui, si l'on en croit le Journal du Commerce, ont trouvé un interprète en haut lieu. Eh bien ! toute cette ignoble colère,qui s’est mise à fermenter dans les organes du pouvoir comme dans quelques feuilles révolutionnaires, le Constitutionnel entête, il faut qu’elle tombe , qu’elle s’affaisse maintenant qu’elle est sans but après avoir été sans effet. Ici se présente une considération d’une haute importance. Ce n’est pas assez que le libéralisme ait montré en celte occasion les plus basses passions révolutionnaires, cl que dans une peur com mune il ait non pas déposé mais ajourné ses haines inte tfrves pour s’ameuter contre une femme. Il y a quelque chose au-delà de la flétrissure morale qui résulte de cet acte , c’est l’isoléinent politique dont les coupables ont clé frappés. Pas un cri. pas une seule démonstration publique n’a répondu aux excitations des feuilles ministérielles et révolutionnaires ; toutes leurs provoca tions, dans la ville môme où s’est faite la révolution de juillet, n'ont eu pour résultat que de démontrer l’isolement complet du libéralisme. Il est facile de juger l’étal dssespéré d’une opinion qui . sans écho dans le peuple , chez qui elle prétendait puiser toute sa force , en est réduite a se concentrer dans quelques journaux.Le libéralisme, a souvent dit sous la Restauration, que le silence des peuples était la leçon des rois. Ce proverbe , si sou vent répété , peut être vulgaire j mais aujourd’hui, qu’il ren contre une si parfaite application . le libéralisme, qui a eu son temps de royauté . le récusera-t-il? Ce qu’il y a eu surtout de remarquable dans la manière dont le peuple a accueilli la nouvelle quasi-officielle, c’est ce sentiment d’incrédulité qui dominait dans tous les esprits. Le peuple ne s’est pas borné à rester calme, paisible au milieu des provocations révolutionnaires de certains journaux, il n’a pas même ajouté foi à la nouvelle que les crieurs de la police donnaient comme au thentique. Or, pour peu qu’on écarte les passions politiques qui font toujours tort à la vérité , on reconnaîtra avec nous un fait que tout le monde a été à même d’observer, c’est que le peuple, quand il s’agit de nouvelles, consulte plutôt, pour les adopter ou pour les repousser, ses sympathies ou ses antipathies, ses dispo sitions particulières que les probabilités matérielles de l’événe ment. En un mot. le peuple ne discute point un fait avec son ju gement, mais le juge d’après ses inclinations. Aujourd’hui, non-seulcincnt le peuple ne fait plus cortège au libéralisme, non-seulement il n’a pour lui ni enthousiasme, ni adhésion ; il fait plus , il n’y croit pas. Une nouvelle que cette opinion cherche à exploiter , vient-elle à se présenter, il ne se contente pas de la révoquer en doute , il la repousse aussitôt comme fausse. On ne peut conclure de là qu’une chose, c’est que le peuple , convaincu par une misère déplorable et par des im pôts toujours croissans . du néant des promesses de juillet , en est à penser du libéralisme ce qu’il a pensé de la nouvelle que le libéralisme lui donnait. Un parti qui est venu mettre en lumière une peur et de lâches passions qu’il fallait dissimuler, un isole ment qu’il importait de garder secret , une désaffection popu laire , dont , à tout prix , on devait empêcher la manifes tation . a bien montré sa faiblesse et sa fureur impuissante. Nous fui rons par un mot. Au milieu des faits qui, comme on le voit par le principal de tous, avaient été rapportés si fidèlement, on ne peut nier celui-ci : c’est qu’eu envisageant sous un vrai jour les circonstances de l’affaire de Marseille , au lieu d’y voir comme le libéralisme, une échauffourée royaliste, on n’y pourra trouver qu’une échauffourée révolutionnaire....

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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