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La Quotidienne, 12 décembre 1840

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La Quotidienne
12 décembre 1840


Extrait du journal

Paris, vous n’avez plus besoin d’aggrandir notre marine, et par tant vous pouvez nous laisser près de six cents millions que vou imputez sur les exercices de 1841 et 1842, et qui, selon vous, do) vent encore être données en holocauste à la question d’Orient Il n’est pas logique de sacrifier à la fols, l’honneur et l’argent. Vous avez fait si peu de cas du premier qu’on devait au moins s’attendre à sauver l’autre. Le pacha est soumis, réduit, écrasé, sans que la France lui ait prêté un homme, un écu, ou un canon, sans que la France ait même protesté. Loin de là ; lecablnet applaudit. M. Guizot, ce prototype du pédant audacieux, tient la solution de la question orientale pour tonne, comme 11 tenait les solutions des questions belges et espagnoles également pour bonnes. Ainsi, point de guerre, point de guerre possible. Mais pourquoi alors une armée? pourquoi ces calculs prématurés pour les budgets de 1841 et de 1842? pourquoi ce soin extrême à charger le mlnisrère tombé d’une somme qu’on veut employer pour ses propres besoins ? M. Guizot vous l’a dit: Il craint le dedans ; Il trouve les moyens de faire face au dedans, en se soumettant au dehors. Il faut avouer que M. Thiers est traité dans tout cela avec une rare Ingratitude. Gomment, 11 met entre les mains de M. Guizot tous lesélémens de compression et d’intimidation, ce que le mi nistre doctrinaire aime et convoite le plus, et pour cet éminent service, on lui donne un brevet de gaspilleur et peu s’en faut une patente de joueur de Bourse. Et c’est l’ancien ambassadeur de M. Thiers, le même qui approuvait ses mesures, qui l’encourageait dans la résistance, qui est maintenant l’auteur de toutes ces Insi nuations et qui, de concert avec M. Humann, veut enlever à la France des centaines de millions en laissant l’odieux de cette énorme contribution à son prédécesseur ! Nous dirons au ministère que puisqu’il a la paix, puisqu’il se soumet à tout, les arméniens deviennent désormais Inutiles. Il peut réduire nos forces militaires indéfiniment; car nous ne parta geons pas même les Illusions de M. le ministre des affaires étran gères sur ce système d’intimidation, et nous assignons à l'armés un rôle plus noble que celui qu’il est dans ses habitudes de vou loir lui donner. Les dépenses faites pour la question d'Orient, et pendant l’exercice de 1840, s’élèvent à cent cinquante-six mil lions. C’est là une somme irrévocablement engagée et perdue ; mais pour ce qui est de celles qu’on veut imputer sur les exerci ces de 1841 et 1842, tout est intact et l’économie devient possible dès qu’on accepte la paix. 11 est vrai que les cent cinquante-six millions qui manquent au budget 1840 ne forment, par la totalité, du déficit qui est de 244 millions. Mais ce surcroît qui tient aux coutumes du dernier decennium n’a rien de commun avec notre état politique ; c’est une habitude prise par l’ordre de choses de traiter la loi des finances avec un sans façon extrême ; tous les ministères en ont agi de même sous ce rapport, et M. Thiers n’est ni plus ni moins coupable que ne le sont ses prédécesseurs, que ne le seront ses successeurs pour avoir dépassé démesurément les crédits votés. La chambre a toujours un bill d’indemnité en ré serve pour ces sortes de peccadilles; la France est si riche ? En résumé, ce sont deux cent quarante quatre millions que nous devons payer; cent cinquante-six pour les velléités de guerre de M. Thiers, et quatre-vingt-huit pour les mécomptes ministériels. Voilà tout. Si le nouveau ministère va par délà, s’il charge les deux exercices suivans de près de six cents millions, 11 aura la responsabilité de cet acte ; et après avoir anéanti les dernières traces de 1 influence morale et politique de la France, Il aura été assez hardi pour lui ravir encore ses dernières ressources linan-...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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