Extrait du journal
que et fait périr Louis XVI, le pays fut en combustion, et malgré la gloire de l’empire, nous ne pûmes rentrer dans la grande fa mille européenne, qu’avec le retour du principe monarchique. Remontons toujours. Est-ce que les barricades de la Fronde n’ont pas valu celles des trois jours de 1830 ? est-ce que le roi ne fut pas obligé de sortir de Paris ? La Fronde dura cinq ans. Mais alors on ne s’avisa pas de changer l’ordre de succession au trône, et Louis XIV revint pour la gloire de son siècle. Re montons encore. Les excès de la Ligue furent plus grands que ceux de 1830. Ils furent extrêmes, et la France resta en dehors des nations, après l’assassinat de Henri III, lorsqu’elle eut nom mé roi le cardinal de Bourbon, et tant qu’elle ne rappela pas dans la personne d’Henri IV le principe d’ordre monarchique. Dès que ce principe, non pas de droit divin, mais d’utilité na tionale, fut rétablit, la France reprit son rang et sa force. Allons plus loi-.). Lorsque le droit de succession fut contesté à Philippe VI, en 1328, par les prétentions et les intrigues de l’Angleterre, le royaume fut troublé de fond en comble, et ne retrouva son aplomb que quand le principe reprit toute sa plénitude, par l’as sentiment général, si bien prouvé plus tard à la défense de Ca lais. Ainsi, au H'siècle, au 16' siècle, au 17' siècle, au 18' siè cle, tant que les troubles civils, plus fréquens chez une nation emportée et mauvaise tête, que dans d’autres pays, ne renver sent pas le premier de nos droits nationaux, celui de l’hérédité, ces troubles s’apaisent d’eux-mêmes, l’état n’est pas fondamen talement compromis ; ou si le principe est momentanément ren versé, c’est par son retour que tout le désordre finit par s’arrê ter. Tel aurait dû être le résultat des ordonnances de juillet et de l’insurrection qui en fut la suite. Mais on ne s’est point arrêté là, et l’on voit aujourd’hui où nous en sommes pour avoir changé l’ordre de successihilité au trône. Tous les autres principes de propriété, d’ordre, de liberté sont tombés en péril. Les Souvenirs historiques de M. Bérard vien nent remettre encore au grand jour les misérables motifs qui décidèrent cet événement. C’est M. Bérard qui a fait changer la charte de 1814, et ce n’est pas ce qu’il a fait de pis ; c’est M. Bérard qui a proposé le changement de dynastie, et ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux. Seulement, une sorte de cri de sa cons cience se fait entendre à présent. Une partie de son livre est em ployée à chercher à prouver que l’on ne pouvait faire autrement que de créer M. le duc d’Orléans roi des Français. Puis, comme il faut pourtant que la vérité se fasse jour , malgré même ceux qui la veulent obscurcir , M. Bérard a été obligé d’écrire le con traire, et de faire cet aveu si précieux (page 208) : » Dans la dis-> position d’esprit où se trouvait la chambre le 5 août, avec la majo» rite HÈELLE de ses opinions , il eut été certainement beaucoup » plus facile de lui faire adopter la royauté de Henri V que celle du » duc d'Orléans. » M. Bérard a beau ajouter ensuite qu’elle n’eût pas été ratifiée par le peuple , c'est une question de prévision personnelle, et qui ne peut pas,être agitée. D’ailleurs, pourquoi mettre la royauté aux voix ? Cettequesiion-là non plus ne devait pas être agitée. M. le duc d’Orléans était lieutenant-général au nom de Charles X et de l’HûteUde-Ville. En son nom et à ce titre, l’ordre matériel qui se rétablissait déjà le cinquième jour, aurait continué a se rétablir, et plus facilement encore, car tout le monde ,s’y serait prêté , au lieu que par le coup de main du 7 août, les partis se formaient sur-le-champ, et devaient porter les choses au point où elles sont aujourd’hui pour tous : légiti mistes, orléanistes, républicains. Ce sont ces derniers, s’il faut en croire M. Bérard, c’est du moins la crainte de la République qui l’a précipité dans sa dou ble proposition de révision de la charte et de déchéance de la royauté. Ainsi donc, un parti peut, par surprise, s’emparer du pouvoir, proclamer et imposer au pays un gouvernement que la nation ne voudrait pas, car M. Bérard reconnaît que la Républi-...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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