Extrait du journal
fait peser sur moi, et moins j’ai dû hésiter. • Dans lu haute mission que je viens remplir ici, je prendrai conseil de mon déyoûinent profond au gouvernement que je représente, et île mon zèle sincère pour les intérêts qui me sont confiés. » I In bilans de la Haute-Garonne! ilabitans de Toulouse ! ce gouverne ment, ces intérêts sont les vôtres. En les défendant, l’autorité vous dé fendra vous-méines. G’est son devoir et elle le fera. » l aites le vôtre, comme citoyens ! et n’oubliez pas que c’est un be soin et un droit pour tous que l’ordre soit respecté et la loi obéie, • Toulouse, le H» juillet 184t. • L’auditeur au conseil d’étal, préfet, chargé provisoirement de l’administration du département de la llaute-Garonnc, » KD. UOUIIEH. » Cette proclamation est parfaitement insignifiante. Le style en est plat et la pensée vulgaire. Elle ne fait rien connaître d’ailleurs des résolutions du gouvernement. Mais voici une dépêche télé graphique qui a un caractère plus net et plus précis. Elle a été adressée par M. Rocher au préfet de la Gironde : DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE DE TOULOUSE. Le ici juillet 184 l, à sept heures du soir (retardée par le mauvais temps). Le préfet provisoire île ta Haute-Garonne, à M. le préfet de la Gironde. » J’ai pris, ce matin, l’administration provisoire du département de la Haute Garonne. » Toulouse jouit d’une tranquillité parfaite. • L’autorité y concentre des forces. “ Un commissaire extraordinaire va y être enyoyé par le gouverne ment. » L’esprit des troupes est excellent, l'outrage fut au pouvoir durai dans la personne de scs représentons NE SERA PÀS IMPUNI. Force restera à la loi et au gouvernement. L’EXEMPLE SERA DONNÉ. » NOTA. —C’est M. le préfet du Gers qui occupe provisoirement la pré fecture de la Haute-Garonne. Bordeaux, le 17 juillet 1841. Pour copie conforme, Le préfet de la Gironde, SERS. La proclamation et la dépêche sont de la même date. Il est à regretter qu'elle ne portent pas le même caractère d’insignifiance ou, si l’on veut, de modération. La considération personnelle de M. Rocher n’y aurait pas moins gagné que la cause de l’ordre et le respect de l’autorité. Qu’est-ce que M. Rocher veut qu’on pense de lui quand on le voit si different de lui-même dans deux actes écrits, signés le même jour et sous l’influence des mêmes évéuemens? La proclamation est prudente au moins dans sa nullité. La dé pêche est presque coupable dans sa violence. Nous croyons que M. le préfet de la Gironde aurait bien fait d’en supprimer le der nier paragraphe. C’était assez de la faute de M. Rocher; il ne fal lait pas y en ajouter une autre. Pense-t-ou donc disposer les habitans de Toulouse à la sagesse par ces éclats de colère, ces menaces de châtiment? ou bien se promet-on de n’en avoir pas besoin. C’est avec douleur que nous en avons fait la remarque : le lan gage des agens du pouvoir et la polémique des journaux minis tériels sont empreints d'une irritation déplorable. Nous verrons tout à l’heure une étrange lettre de M. Mahul. Ce n’est pas seule ment des représentais du gouvernement à Toulouse qu’il faut dire avec M. Guizot : « Ils ont tous perdu la tête. » La conta gion s’est étendue par tout autour du ministère et jusqu’au minis tère même. L'Emancipation avait elle raison de dire que rien n’est fini ? Nous ne savons pas de quel exemple M. Rocher a voulu parler ; mais nous voyons que Toulouse n’a pas renoncé à la résistance. « La loi sera obéie, dit en effet la Gazette du Languedoc, en répondant à la proclamation de M. Rocher, si la loi est d’abord respectée par ceux tpii sont chargés de son exécution. Ainsi qu’on ne songe plus à nous im poser des mesures illégales, et surtout à employer la violence et la force comme voulait le faire M. MalinI. M. Rocher trouverait encore la même énergie dans nos magistrats municipaux, la même répulsion dans toutes les classes de la société, et celte résistance, les baïonnettes seraient im puissantes à la vaincre, parce qu’elle serait légale, qu’elle se produirait partout, à tous les instans, par des moyens dont la force ne pourrait pas triompher et (|ui rendraient la lâche de l’administrateur impossible. » On a voulu confondre les excès de l’émeute et l’opposition le gale du conseil de la commune. Il faudra bien qu’on eu vienne à les distinguer au moins dans la pratique de l’administration. Quand il touchera à la question du recensement, le ministère com prendra peut être qu’il s’est engagé dans une mauvaise voie et que, s’il est facile de disputer le pavé à l’émeute, il est malaisé de forcer la résistance passive des populations. Les troubles de Toulouse ont constaté déjà un grand vice, nonseulement dans l’organisation de la société, mais surtout dans les habitudes du pouvoir et dans l’éducation révolutionnaire des gouvernails et des gouvernés. Ils le constateront davantage encore; nous avons toute raison de le craindre. Les gouvernans ne savent p'us commander si les gouvernés ne savent plus obéir. Parce qu’on a détruit l’autorité des principes, parce qu’on a brisé les règles et les traditions, on n’a plus laissé que la force pour prononcer dans les grands débats qui s’élèvent parfois entre les populations et le pouvoir. Personne ne veut plus céder ni transiger, le pouvoir parce qu’il craint qu’on ne doute de son droit, le peuple parce qu’il doute de sa liberté....
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
En savoir plus Données de classification - rocher
- mahul
- cette
- espartero
- guizot
- toulouse
- strasbourg
- espagne
- gironde
- bayonne
- italie
- isère
- gers
- pologne
- espa
- conseil de la commune
- la république