Extrait du journal
FRANCE. PARIS. 23 JUIN. Les journaux ministériels se réjouissent des résultats électo! raux qu’ils ont obtenus clans la plupart des localités. Quand on en ] viendra a examiner les causes (le ces succès, les moyens em1 payes pour les obtenir, leurs effets surtout sur la population qui ] |K. prend point part a l’élection , on se félicitera beaucoup moins 1 ces victoires partielles qui ne profitent en rien au pouvoir J dans l’opinion générale du pays. Lu des grands moyens d’infiuence exercé sur le corps électo1 rai, c’est évidemment cette insinuation , sans cesse répétée et 1 reproduite le jour même de l’élection, par les feuilles ministé| riellcs, qu’en votant pour l’opposition, les électeurs votent pour 1 une réforme qui doit nécessairement les priver de leur privilège | e!1 retendant. Supposez donc que la majorité des électeurs se | soient laissé prendre à cette pensée, et qu’ils n’aient défendu le 1 ministère que pour conserver intacte leur position d’influence I actuelle sur les affaires du pays ; qu’en résulterait-il ? Que tous I les contribuables qui, payant un cens inférieur au cees électoral, j if sentent cependant autant de jugement et de lumières que la j plus grande partie des hommes qui viennent de prendre part à 1 l’élection, entrent aussitôt en communauté d’intérêts avec la miI norité des collèges, qui a assez d’intelligence pour comprendre ! l'état du pays, et qui aurait eu assez d’indépendance pour faire ! prévaloir ces intérêts. Eh bien ! nous ne voyons pas que le gouI reniement ait lieu de se féliciter d’un pareil résultat. I 11 prétend que l’opposition insulte les électeurs lorsqu’elle leur j dit que la loi a bien pu statuer sur le cens , mais qu’elle n’a pu I faire qu’il n’y eut autant de capacités et de lumières au dessous I qu’au dessus du cens adopté par elle. Mais n’est-ce pas insulter j la masse infiniment plus considérable des propriétaires exclus par la loi, que d’attribuer à deux cent mi lie privilégiés seulement I le bon sens nécessaire à l’action électorale ? Certes , c’est com- I plètement méconnaître dans un intérêt d’égoïsme et de vanité , la j situation actuelle de la société française : retranchez de chaque | collège un certain nombre de votans qui, par état et par posi- j lion sociale , ont réellement l’intelligence des affaires publiques , ! parce qu’ils ont pu s’en occuper d’avantage, le reste cède le plus souvent a des impressions qui ne sont que trop prouvées par les succès du ministère. Pourquoi donc s’appuyerait-1 - on , pour motiver l’exclusion des fermiers moins riches, des commerçans moins fort patentés, des propriétaires qui, sans être moins instruits, et peut-être même parce qu’ils s’occupent d’a vantage des sciences et de l’économie politique , ont une partie de leur fortune placée en rentes sur l’état ? Le corps électoral actuel est essentiellement conservateur, diton; c’est cet esprit dominant qui sauve le ministère ; fort bien. Mais cela prouve-t-il que la majorité électorale est sage, ou qu’elle est dupe. Avant de se réjouir, c’est cela pourtant qu’il faut examiner, car trompera-t-on toujours, évoquera-t-on toujours avec le même succès ces fantômes qui effrayent les intelligences? Qu’un pays soit heureux et libre, que ses impôts soient propor tionnés a ses ressources, que son gouvernement, légitime aux yeux de tous, honnête et habile, commande au dedans le respect des lois par son ascendant moral, au dehors le respect du dra peau , par scs alliances, sa probité politique, la force de ses institutions militaires et la solidité de ses finances, on comprend que les électeurs, représentans d’un pareil peuple, puissent être conservateurs ; car ce titre, dûment mérité, prouve leur intelli...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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