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La Quotidienne, 25 juin 1834

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La Quotidienne
25 juin 1834


Extrait du journal

FRANCE. PARIS , 26 JUIN. QUE SER!L L A CHAMRRE ? On se demande de toutes parts te que sera la chambre? C’est la question à l’ordre du jour. Si on se le demandait dès les pre miers m-omens où la chambre sera convoquée, ce ne serait point un tort de dire que cela serait un peu prompt. La réponse la plus naturelle à faire serait celle-ci : Donnez vous au moins le temps d’attendre qu’elle ait agi ou du moins qu’elle ait parlé. Nous autres Français, nous faisons bien mieux encore; la chambre n’est qu’à moitié nommée, et avant de savoir quels se ront les députés, nous nous demandons ce que sera la chambre. On va répétant peut-être avec quelque raison que notre caractère national n'est plus le même, mais personne assurément ne s’a visera de dire que nous n’avons plus le même esprit. Il est si vif, aujourd’hui comme toujours , il va si rapidement que nous voyons le but avant de nous être mis en marche. Au reste, ne nous en plaignons pas, car si c’est quelquefois un défaut et mê me un petit ridicule, il y a des occasions où c’est une grande et belle qualité. Ainsi,par exemple,en temps de guerre, lorsque nos armées passent le Rhin, notre imagination leur prépare des logemens à Berlin ou à Vienne, et l’on se souvient qu’en apprenant l’entrée à Moscou, on s’attendait à recevoir la nouvelle du pas sage du Gange. Mais, hélas ! c’est là de l’histoire ancienne, et bien ancienne; revenons à la bataille électorale. Si la question que l’on s’adresse sur une chambre qui n’est pas encore nommée est assez singulière, la manière dont y répon dent ceux qui ont entrepris de la résoudre est excessivement re marquable comme indice de la situation. La question est une, les réponses sont multiples. Les uns paraissent croire que cette chambre sera pale, indécise, ce sont leurs propres expressions. D’autres , en plus grand nombre , semblent craindre qu’elle ne soit violente et qu’elle ne se jette tout d’une pièce dans ces exa gérations où se précipitent les majorités quand elles sont aveu glées par la fatalité et par la victoire. Quelques uns enfin, allant plus loin, disent de leur côté qu’elle sera comme ces nuages de sauterelles qui noircissent le ciel et s’abattent sur les moissons pour les dévorer ; bien entendu que la moisson c’est ici la pau vre France. Ce qui contribue à faire augurer si mal de la chambre par tous ceux qui, en la jugeant différemment, cependant n’en attendent rien de bien, c’est que le ministère la présente comme une cham bre à lui. 11 crie victoire. Avant même d’avoir le nombre néces saire pour faire une majorité, il a l’air de dire : « Assez, assez, c’est trop. » A son aise. Cela lui est d’autant plus facile, qu’il avait pris ses précautions. Point de ces listes de la Restauration qui, nommant le président du collège, indiquaient par-là même le candidat ministériel. Un silence prudent qui, ne désignant personne, per met d’accepter pour sien tout candidat nouveau, en le qualifiant du mot banal dont l’insignifiance préméditée peut s’appliquer à tout le monde, du mot de constitutionnel, sans que même une note nous avertisse si c’est constitutionnel à la manière du jour nal qui porte ce titre; voilà ce qu’il a fait. Ainsi ce qui ressort de toutes ces opinions, ce qui ressort de l’opinion du pouvoir lui-même, c’est qu’il y a quelque chose de vague et d’indécis dans la chambre , puisque le pouvoir ne sait quel nom lui donner, et se retranche dans la bannalité d’une expression qui ne définit rien. Or, c’est la première fois qu’un fait de cette nature se rencon tre dans l’histoire parlementaire. Quand sous la Restauration...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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