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La Quotidienne, 25 juin 1838

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La Quotidienne
25 juin 1838


Extrait du journal

littérature dramatique. Les comédiens reprochent à M. Védel l’énormité des dépenses et la faiblesse des recettes, d’où il est résulté un déficit, dont le chiffre est, dit-on, assez élevé ; ils lui reprochent aussi comme conséquence de cet état de choses, la nullité complète des parts de so ciétaire. Le premier reproche est une injustice ; l’excès des dépenses est une des nécessités du genre très cher, qu’a adopté par besoin la Comé die-Française, genre qui exige une mise en scène brillante et dispendieuse, soit en décorations, soit en costumes. Quant à la faiblesse des recettes, c’est une des chances inévitables d’une entreprise fondée sur des éven tualités de succès et chutes ; cette position est commune à tous les théâ tres qui, en fait de pièces, ont de bonnes et de mauvaises veines, tantôt font de l’argent et tantôt n’en font pas, et dont la plupart n’ont pas, connu le Théâtre-Français. 210 mille francs de subvention annuelle, pour adoucir les rigueurs de la mauvaise fortune. Les chutes et les succès dépendent de beaucoup de causes en dehors de la capacité et du pouvoir d’un directeur. Le sort des pièces tient sou vent au hasard, quelquefois au caprice du public, et surtout au talent des comédiens; mais il tient aussi principalement au choix même des pièces; or ce choix est soumis au jugement des sociétaires, et le directeur n’y con court que pour sa seule voix; certes, il est très difficile de ne pas se tromper dans ce choix. Cependant il n’est pas tellement aléatoire, qu’il ne s’y trouve quelques conditions de probabilité, que donne le goût et l’expéiience. Ainsi il était aisé de préjuger que malgré quelques belles par ties de talent, le Camp des Croisés ne devait pas réussir, et aussi on pou vait croire que malgré de grands défauts, Caligula pouvait obtenir beau coup de succès : on aurait pu épargner les 40 mille francs dépensés pour la piemière de ses pièces ; mais on n’était pas impardonnable pour avoir monté avec luxe la seconde. Dans tout cela, il y a autant de la faute de Védel que de celle du comité. Un des griefs des comédiens contre leur directeur, est la mauvaise ges tion du théâtre de l’Odéon. Sans doute, il y a eu des mesures mal prises depuis l’ouverture, beaucoup de temps perdu, une grande imprévoyance de ressources, et surtout une déplorable nullité de répertoire; mais tous ces torts ne sont pas du fait de M. Védel, et les comédiens peuvent s’en attri buer une bonne part, surtout pour le répertoire qu’ils ont bénévolement appauvri, par l’appât des feux, qui les faisait courir à l’Odéon, jouer des vieilleries désastreuses pour la recette, afin de gagner 15 francs de plus dans la soirée. Le reproche de la nullité des parts est aussi injuste que les autres ; si les comédiens du Théâtre-Français, qui ont le privilège exclusif des chefsd’œuvre de la scène, ne font pas fortune avec de pareilles ressources, c’est que le public est refroidi sur la beauté de ces pièces , ou qu’il...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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