PRÉCÉDENT

La Quotidienne, 25 mars 1839

SUIVANT

URL invalide

La Quotidienne
25 mars 1839


Extrait du journal

» dépoétisait la vie; maintenant voici que la poésie elle-même ne suffit » plus pour retenir les hommes ; la gloire, la fortune, la famille, toutes » les passions, et tous les devoirs glissent sur le cœur sans s'y arrê» ter. Léopold Robert avait l'amour des arts, et il touchait à la gloire, » Gros était riche et illustre, Nourrit pouvait envelopper ses cinq en fans » dans l’auréole de sa renommée; eh bien ! tous les trois ont renoncé » volontairement à la vie. » Ce qui leur a paru plus beau que la gloire, plus désirable que la for» tune, plus doux que les douces caresses de l’enfance : c’est la mort ! » Quelle terrible époque que la nôtre ! chacun ne songe qu'à soi et à » ses douleurs personnelles. Le désir du suicide s’empare des plus no» blés intelligences, parce que le suicide n’est autre chose que l’égoïsme » au désespoir. » Il ne manque à ce peu de lignes qu’une conséquence logique, c’est que si la gloire, la fortune, le talent, la famille ne sont pas des obstacles assez puissants contre les idées de suicide, il faut les combattre avec des armes plus sûres, et ces armes il faut les demander à la religion. Nourrit doué d’une imagination vive et d'une aine ardente, disposée à se laisser prendre à tous les prestiges, ne fut pas exempt du vertige ré volutionnaire; lui comblé des bontés de la cour, dont la fortune et la répu tation avaient été faites par la Restauration, lui que le roi avait attaché à sa chapelle, que madame la duchesse de Rerrv appelait à tous ses con certs, eût pendant les premiers jours de juillet 1830, un moment bien déplorable d'ivresse; alors nous eûmes la douleur de le voir en habit de garde national, tous les soirs dans trois ou quatre théâtres, chanter la Parisienne et la Marseillaise, aux acclamations de la populace. Hélas ! il paya bien cher ce moment de délire révolutionnaire, car c’est de là que datent l'altération et la perte de sa voix, que, ni Lafayettc, ni les héros de la grande semaine ne lui ont pas rendue. Il y a quelque chose de providentiel dans ce destin de Nourrit, à qui l'ingrate révolution de juil let n’a pas su épargner la douleur d’un exil, et qui retrouve pour le con soler et pour l’accueillir sur la terre étrangère, la cour d’un Bourbon, et cette auguste protectrice de tous les artistes français, qui exilée aussi, semble se trouver exprès à Naples pour l’applaudir et l’encourager ; le dernier témoignage d’intérêt et d'affection qui lui a été donné, il l’a re çu de madame la duchesse de Berry, qui lui a dit: M. Nourrit, je vous remercie, vous m'avez fait croire un instant que j'étais encore à Paris. Nourrit est mort en laissant une famille des plus intéressantes, six enfans et une jeune veuve enceinte, modèle de grâces et de vertus, et qui a bien rempli tous ses devoirsde mère et d’épouse; mais il ne laisse qu’une fortune très médiocre; artiste plein de noblesse et de dignité, il a par couru sa carrière en cherchant plus la gloire que l’argent; c’est au pu blic, qu’il enthousiasma pendant dix-huit ans, à venir nue dernière fois à son secours. On parle d’une représentation au bénéfice de scs enfans :...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

En savoir plus
Données de classification
  • duprez
  • léopold robert
  • malfilâtre
  • rossi
  • lebas
  • escousse
  • leblanc
  • thiers
  • nourrit
  • o'connell
  • france
  • angleterre
  • canada
  • paris
  • londres
  • amérique
  • chili
  • alexandrie
  • autriche
  • naples
  • thomson
  • cologne
  • conservatoire