Extrait du journal
REVUE LITTÉRAIRE. CONTES POPULAIRES DES ANCIENS BRETONS, précédé» d'un Essai, sur l'origine des épopées chevaleresques de lu Table-Ronde, par Th. de la Villemarqué (1). O» se représente généralement, au nom d’antiquaire, un personnage passablement antique lui même, uu type de Waller-Scott ou de Rem brandt, viellissaul dans la poussière des in-folios et des temps passés, comme un alchimiste dans l’atmosphère de ses cornues. Il semble que les patientes investigations de l’archéologie doivent rebuter la jeunesse; qu’il faut avoir le cœur refroidi, l’imagination éteinte pour se livrer avec amour à ces travaux sans éclat; que d’ailleurs pour se tenir ferme et sans se décourager jamais, au milieu des contradictions et des avortemens de ces pénibles éludes, il convient d’être armé d’une constance parvenue au bienheureux état de tuonomauie. L’école des chartes, par les résultats directs et les inlluences de son institution, a cependant peu plé la France d’une génération de jeunes antiquaires ; c'est merveille de voir ces blondins sérieux s’évertuer à déchiffrer un manuscrit presque hiéroglyphique, à retrouver les traces d'une encre décolorée par les siè cles, à rétablir des lignes elïacées, à déjouer les ruses calligraphiques des copistes, à déterminer le sens d’une abréviation, à exprimer le suc d’un cartulaire, à commenter une usance oubliée. Passionnés comme des poètes, suivant l’expression de l’un d’eux, ils savent mettre dans leurs recherches et leurs discussions toute l’ardeur de la jeunesse; ils prennent feu pour un texte, et brisent des lances pour une étymologie. Ils fornient entre eux une sainte corporation, unie par la similitude des tra vaux, sinon des opinions, et par la communauté d’un mépris naïf pour les profanes qui sont étrangers à la science. El comme chacun d’eux se crée, pour toute la vie, une spécialité qu’il élabore, approfondit, caresse et finit par s’approprier comme son bien, je laisse à juger ce que seront devenues, après quarante ans de culture assidue, ces précoces manies de M. Th. de la Villemarqué est un de ces jeunes érudits, et, je le crains, de ces futurs maniaques. Je ne pense pas l'offenser en m’exprimant de ja sorte; car c'est librement et par choix qu’il a ambitionné ce genre de succès entre tous ceux auxquels il pouvait prétendre. Doué d'une heureuse et vive imagination, il a pris plaisir à eu réprimer l’essor à dompter sa nature poétique, et à appliquer toutes les facultés de son esprit à résoudre les problèmes les plus ardus de l’archéologie. Il y avait du courage à tenter une pareille entreprise ; il y a eu de l’honneur à réussir. Enfant gâté de la Bretagne.il n’a pas été ingrat pour elle, et s’est étudié à mettre en lumière, à populariser les anciennes gloires de sa patrie. Toutefois, comme on ne se dépouille jamais entièrement de sa nature, c’est encore pour la poésie qu’il a travaillé, lor?qu’il fouillait le plus profondément la mine des antiquités bretonnes. Il a passé, sans y prendre garde, près des éiênemens et des institutions. Un autre, habile aussi, et infatigable travailleur, M. Aurélien de Courson, exploitait avec...
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
En savoir plus Données de classification - guizot
- de la villemarqué
- molé
- thiers
- gui
- de larcy
- sauzet
- napoléon
- agamemnon
- w. coquebert
- arthur
- france
- bretagne
- europe
- inde
- hyderabad
- calcutta
- gironde
- angleterre
- amérique
- école des chartes