Extrait du journal

Les garnisons souffrent. C’est le moindre souci des grands traîneurs de sabre de ce temps-ci. Savez-vous à quoi ils pensent? A faire et à défaire les casaques et les schakos des soldats. A force de recherches, ils sont parvenus à des inventions quelquefois très originales. Nos soldats servent à l’amusement de la paix à tout prix. C’est M. Berlin de Vaux qui a signalé les souffrances de la gar nison de Versailles. M. Berlin de Vaux est un officier du château ; nous ne cherchons pas si cette circonstance a une signification, c’est bien possible! Déjà il s’était mis avec le ministre de la guerre dans une sorte de lutte au sujet de l’armée; la lutte parait devoir finir. « Je prie M. de Mornay, a-t-il dit hier après ses explications, de croire que je ne fais pas ici une affaire électorale : je suis l’homme le plus dé sintéressé du monde en matière électorale, Car je ne compte pas me re présenter à l’élection; c’est une affaire de conscience, c’ist un devoir que je remplis. • Mous cherchons le sens de ces paroles. Serait-ce que M. Soult serait intervenu dans la candidature d’un officier qui est sous ses ordres? La question est délicate; la cour du pavillon Marsan y est intéressée. Il serait curieux que le ministère ne s’accommodât pas même de députés de l’état-major. Une autre question est plus délicate encore. N’y a-t-il pas en tout ceci un jeu secret de popularité? Et au profit de qui ? D’autres peuvent répondre. Pour nous, nous ne savons pas si à ce jeu ou gagne quelque chose; mais nous croyons qu’il vaudrait mieux s’occuper du bienêtre des soldats que de dénoncer leurs souffrances au risque de compromettre la discipline....