Extrait du journal

Oran. — Les malades. — Les mesures de désinfection. — L’origine du fléau D’après les renseignements parvenus au ministère de l’intérieur, il n’y avait hier matin, à Oran, que quatre malades atteints de la peste en traitement. Sur ces quatre malades, un seul a été jusqu’à présent reconnu atteint de la peste. Les trois autres cas seraient douteux. Jusqu’à présent, il y a eu quatre décès. Les trois premiers décès sont antérieurs au 20 septembre ; le quatrième décès, celui do la femme du chef de la gare des quais, s’est produit le 23 ; il a été foudroyant. Les autorités espèrent enrayer l’épidémie: on brûle du soufre dans tous les égouts ; on extermine les rats. On continue la dé sinfection des docks. D’après l’enquête ou verte, l’épidémie a été apportée à Oran par un navire venant des Indes, qui toucha à Port-Saïd, où après son passage quelques cas de peste furent signalés. Les approvisionnements destinés à Casa blanca ont été transportés à lu défense mobile. Le consul d’Espagne a avisé les auto rités que les navires provenant d'Oran à destination de l’Espagne subiront une qua rantaine de huit jours à Mahon. M. Clemenceau, président du conseil, a chargé M. le docteur Faivre, inspecteur général adjoint des services sanitaires, de se rendre à Oran pour faire une enquête sur les conditions dans lesquelles se sont produits les cas de peste. A Marseille. — Une fausse nouvelle. — Cas à bord d’un navire. — Les malades au lazaret Le ministère de l’intérieur n’a reçu aucune confirmation de la nouvelle donnée par un journal italien et d’après laquelle des cas de peste auraient été constatés à Marseille et considère cette nouvelle comme inexacte. D’autre part, des cas se sont produits à bord du navire italien Arnionia. Ce navire, parti le 25 août de Beyrouth, avec un équi page de vingt-deux hommes et quelques passagers syriens, est arrivé dans les eaux de Marseille le 17 septembre vers 5 h. du malin. Un homme de l’équipage était décédé depuis la veille. Le médecin sanitaire, de stirvice au lazaret du Frioul, étant monté à bord, constata que le matelot était mort de la peste et que plusieurs autres hommes do l’équipage étaient atteints de la même épidémieImmédiatement, le navire a été dirigé sur le Frioul et. à huit heures, tous les mala des étaient hospitalisés dans des locaux spéciaux. Tous les passagers, qui étaient tous des Syriens, étaient indemnes. Aussi tôt le personnel sanitaire du lazaret a fait procéder à la dératisation et à la désinfec tion du navire en cales pleines. Toutes les marchandises ont été ensuite déchargées sur des mahonnes et complètement désin fectées, quand le navire a été dératisé et désinfecté de fond en comble. Pendant que ces opérations avaient lieu, le médecin sanitaire faisait des injections préventives de sérum à tout l’équipage, aux passagers, aux gardes sanitaires, aux déchargeurs et à tout le personnel. Le matelot décédé à bord a été enterré au lazaret. Le lendemain, un maître d’équipage suc combait à son tour aux atteintes du même mal et était inhumé au lazaret. Depuis le mecredi 18 septembre, on n’a eu à enregistrer aucun décès, Seul le mous se du bord, un garçon de quatorze ans, est dans un état assez grave. L’épidémie est actuellement enrayée et demeure strictement confinée au lazaret du Firioul et, depuis huit jours, tous les passagers qui avaient été mis en observa tion ont été libérés avec un passeport sa nitaire....