Extrait du journal

pas à travers la chambre ; puis il sc rap procha du prêtre : — C'est different, dit-il très-tranquille ment. Pardonne-moi de t’avoir trouble. 10 me suis trompé, je le reconnais ; adieu. Le front contracte de son t'rcre se tendit vers lui : — Tu me quittes ? — li ne me reste plus rien à faire ici. Adieu, répéta Jacques. — Ou vas-tu ? gémit sourdement le prêtre en laissant flotter ses regards au tour de lui. — Je retourne à M .. — A M...'? — Oui ; tu refuses ton devoir, j’en hé rité. — Toi ! toi ! Lucienne ? Ce nom s’étrangla dans sa gorge ;• il s était relevé, livide, avec une flamme sombre dans les yeux. — Oui te parle d’elio ? répliqua Jacques en secouant les épaules Elle était assez grande il y a trois mois pour savoir co qu’elle faisait ; à plus forte raison l’estellc aujourd'hui pour savoir ce qu’elle doit faire. Je no m’occupe ici ni d’elle ni de toi, mais de votre enfant. — Ah ! Jacques ! — C’est mon neveu, poursuivit Jacques de son ton net et dégage ; il n'a pas de père, me voici. Ce sera toujours un Vauxcerais. Henri chancelait, ébloui : tout d’un coup 11 tomba dans les bras de son frère. — Ah ! Jacques, Jacques! répétait-il à travers scs sanglots. Quand il fut las do pleurer, il se re dressa, d’un grand clan lier; son visage, maintenant, rayonnait de la joie d’une résolution superbe. — Viens, dit-il en prenant la main do son frère pour l’entrainer. Mais Jacques, surpris, hésita. — Où me conduis-tu ? demanda-t-il. Celte méfiance inattendue confondit le pauvre abbé, qui avait eu conscience de la grandeur simple de son mouvement. — Mon ami, répondit-il avec embarras, sois indulgent ; comprends-moi. Ta parole m’ébranle, ma pauvre raison a besoin qu’on la rassure et qu’on la guide....