Extrait du journal
leurs gentilshommières, et le parti d’ac tion royaliste n’a plus reparu. A deux reprises et à vingt ans d’intervalle, on a revu des royalistes en nombre et en état de faire quelque figure dans les Assemblées de la France. Quel a été leur rôle, et qu’ont-ils su faire pour profiter de ce retour de fortune et ré tablir leur crédit dans cette nation toute surprise de les voir apparaitre à la lumière du jour? Rien, ou à peu près. Les royalistes, impuissants à restaurer la monarchie, ont fait cause commune avec les autres partis de réaction et formé le principal appoint de l’armée cléricale. Toutes les mesures les plus impolitiques, les plus rétrogrades, les ont eus pour fauteurs. Jamais parti ne méconnut davantage la nation où il aspirait à prendre pied. Les jacobites anglais ont mieux fini que nos roya listes de la branche aînée, avec moins de jactance et peut-être plus de dignité. Ce qui est particulièrement grave en effet, dans l’affaire du prétendu parti royaliste, c’est que les soldats manquent au seul chef qu’ils puissent reconnaître, et que le chef lui-même se dérobe aux troupes que l’on cherche vainement à ranger sous ses ordres. Il n’y a et il ne peut y avoir d’autre chef du parti royaliste que le comte de Chambord. Depuis un demi-siècle, il vit hors de France, et tout démontre qu’il n’a nullement l’intention d’y ren trer jamais pour y vivre. Il attend l’heure de Dieu. Cette attente toute mystique peut bien créer et entretenir une sorte d’illuminisme politique, mais ce n’est pas en attendant toujours cette heure qui doit sonner à l’horloge des décrets de la Providence et que le Roi seul entendra au fond de son château de la basse Autriche, que le parti légi timiste fera des recrues, étendra ses conquêtes, prendra corps et pourra te nir campagne dans l’intérêt de sa cause. Que parlons-nous d’ailleurs de recrues légitimistes ? allons-nous prendre plus au sérieux que la France elle-même les manifestants des banquets du 29 sep tembre ? Le pays a sous les yeux les allocutions, les discours prononcés dans ces réunions ; y a-t-il là quoique ce soit qui parle à l’esprit et au cœur de la France ? on ne sait que maudire et dé tester la Révolution qui a fait notre pays ce qu’il est aujourd’hui, et on croit par ce moyen se faire reconnaître et accepter de lui : quelle plus grande aberration ? C’est là ce qui fait que les manifes tations royalistes sont complètement inoffensives : le parti légitimiste est le seul, de tous les partis hostiles, qui soit assez en dehors du courant qui em porte la France vers ses destinées dé mocratiques pour oser s’attaquer à la Révolution, et, par ces attàques, il se condamne lui-même à une irrémé diable impuissance; car dans le pays qui a fait 1789, 1830 et 1818, il n’y a rien à espérer, rien à tenter en dehors du terrain déblayé par ces trois révo lutions qui, au fond, n’en sont qu'une seule, toujours la même, souvent en travée, jamais vaincue. La République peut ainsi laisser les royalistes s’asso cier dans l’expression de vœux qui ne se réaliseront jamais. On aura beau crier : Vive le Roi ! ce vieux cri des anciens âges n’a plus d’écho parmi nous. La foi monarchique est morte et bien morte : nul n’est capable de la ressusciter, même pour un jour, même en un banquet d’une heure. On crie :...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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