Extrait du journal

Pendant que le cabinet s’épuise en vains efforts pour rétablir au moins une apparence d’ordre dans les rangs de feu l'union conservatrice, les quelques jour naux qui ne Vont point encore aban donné essayent d’échapper au ridicule de leur situation et de se donner une contenance eu proclamant que le dis cours de Bourges a détruit les pré ventions que l’opposition des Gau ches avait répandues dans le pays contre la politique du 16 Mai. L'un d’eux a même poussé l'aplomb jusqu’à annoncer que les résultats surprenants de cette première campagne avaient si complètement satisfait lo maréchal de Mac-Mahon qu il était décidé à faire successivement profiter des trésors de son éloquence persuasive les divers points du territoire. On parle d une visite à Saint-Etienne, laquelle serait suivie d'une excursion en Normandie. Nous sommes si peu ennemis de la vérité, que nous accueillons avec joie c.‘s promesses. Le discours de Bourges, si instructif q t'il soit, u laissé néanmoins dans une regrettable obscurité certains points essentiels sur lesquels la France éprouve le besoin d'être éclairée par la bouche de l’homme providentiel qui s'est chargé de la sauver. Elle u appris avec un respectueux étonnement que le maréchal a une politique à lui : mais elle vou drait savoir maintenant quelle est cette politique, et si ce qu’elle prépare vaut, en définitive, mieux que ce qu elle se propose de détruire. Il ne suffit pus qu’on lui dise vaguement que l’on a une tâche à achever; elle serait plus rassurée si l’on daignait lui révéler...