Extrait du journal

n’a pas encore passé les mers que déjà le récit de la révolution brésilienne est dans toutes les bouches et que des souverains sentent leurs trônes moins solides. Pour nous, républicains, nous ne sau rions en vouloir à don Pedro de laisser derrière le sillage de son navire une nou velle République. Même sa noble descente du pouvoir nous le rend plus cher encore ; tant d’autres auraient peut-être cherché des diversions dans la guerre étrangère ou tenté des répressions sanglantes ! Certes, s’il y avait un reproche à faire aux Français, ce ne serait pas d’avoir en couragé la révolution brésilienne, ni même d’avoir salué son succès d’acclamations enthousiastes. L’événement nous a pris au dépourvu ; des ennemis de la révolution en ont profité tout d’abord pour la travestir d’une façon odieuse. Mieux informés, nous apprécions mieux son caractère. Les ré publicains brésiliens ont gagné la sympa thie générale en évitant toute effusion de sang, en maintenant l’ordre partout; ils ont montré une rare décision et une admi rable entente des choses. Leur conduite envers le souverain dé trôné a été digne et correcte; ils ont réussi à lui faire accepter le seul dédommage ment qu’il fût en leur pouvoir de lui offrir ; ils ont même eu la délicatesse d’épargner au vie*l empereur la vue du pavillon étoilé de la nouvelle République. La monarchie parait bien morte au Bré sil, quels que soient les regrets ou les es pérances de l’ambitieuse famille qui essaie de pousser clandestinement le rejeton de la princesse Clémeniine à la place du mari de la dévote Isabelle de Bragance....