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La République française, 3 octobre 1879

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La République française
3 octobre 1879


Extrait du journal

des intérêts grecs. Rien, néanmoins, n’est plus indiqué par la situation que la dernière guerre a créée en Orient. Les plus vieilles haines s oublient quand un péril commun menace deux anciens adversaires ; les préjugés, les antipa thies, sont insensiblement remplacés par des liens do solidarité que le temps et les circonstances doivent nécessaire ment resserrer. La Turquie, battue en brèche par une race dont les forces prennent tous les jours un essor plus inquiétant, la Grèce, menacée par l’extension de ce même élément vers des régions qui lui appartiennent par droit ethnographique, sont faites pour s'entendre et se soutenir. On dira que le Divan a bien tardé pour cimenter cette union ; il est malheureusement trop vrai que les conseillers du sultan ont tout fait pour la rendre impossible en aigrissant l’humeur déjà fort surex citée du peuple grec. Mais si l’instinct politique brille par son absence à Cons tantinople, il n’en est pas de même à Athènes. Là on sent, malgré l’exaspé ration passagère produite par une lutte diplomatique trop prolongée, qu'on prend scs alliés où on les trouve ; la passion n'éteint pas chez les Hellènes le sentiment de l’intérêt national. 11 ne tient qu’à la Sublime - Porte d’en avoir la preuve. Elle ne voudra pas laisser ses voisins hellènes sous l'im pression qu’elle ne s’est exécutée que par contrainte. Est-il donc si pénible de remettre à des alliés une province dont la séparation morale du territoire ottoman est depuis longtemps un fait accompli, quand on a cédé sans coup férir à des ennemis d’hier, d’aujourd'hui et de demain, des apanages infiniment plus considérables ? Faut-il donc (pic, pour une vaine satisfaction d’amourpropre, le sultan laisse ses Etats plus longtemps exposés aux âpres atteintes d’une dure destinée ? Les conseils étran gers qui lui disent de céder sont des con seils d’amis. Que le souverain so sou vienne de la conférence do Constanti nople, prologue de cette épopée sinistre où l’empire ottoman a laissé un quart de son territoire : si les enseignements de l’expérience ont la moindre prise sur son esprit, ils lui diront que si alors il avait écouté les conseils bienveillants des puissances amies, la Turquie ne serait pas ce qu elle est aujourd'hui. Car si, contre toute bonne politique, le sultan se déclare incapable de faire le sacrifice demandé, il s’aliénera non-seulement des amis de l'avenir, mais encore ceux qui ont foi dans la mission civilisatrice de ces derniers. Le refus de la Porte de rectifier les fron tières grecques dans le sens indiqué amènera infailliblement la réunion d'une conférence dont la sentence sera délinitive et obligatoire. Le résultat dans un cas comme dans l'autre sera donc le même. Nous faisons des vœux pour que le Divan se pénètre de cette vérité ; et, quelle que soit son attitude, nous constatons avec contiance que la cause grecque est désormais gagnée. La France a lieu, sous tous les rapports, de s’en réjouir, puisque c’est à elle qu’a été dévolue la tâche de plaider la cause hellénique devant le congrès. Les Hellènes n’oublieront pas non plus ce qu'ils doivent à une autre puissance dont les représentants ont soutenu chaudement leur cause à Berlin. Dès le début des négociations, en effet, l'Ita lie s’est jointe à la Franco pour défen...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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