Extrait du journal
ERNEST BENAN a Te souviens-tu, du sein de Dieu où tu reposes, de ces longues journées de Ghazir, où, seul avec toi, j’écmais ce» pages inspirées par les lieux que nous venions de parcourir ? Silencieuse à côté de moi, tu relisais chaque teuille et la recopiais sitôt écrite, pendant que la mer, les villages, les ravins, les monta gnes se déroulaient à nos pieds. Quand l’accablante lumière avait fait place à l'innombrable armée des étoiles, tes uestions fines et délicates, tes doutes iscrets, me ramenaient à l’objet subli me de nos communes pensées... Tu dors maintenant dans la terre d’Adonis, près de la sainte Byblos, et des eaux sacrées où les femmes des mystères antiques venaient mêler leurs larmes. Révèle-moi, ô bon génie, à moi que tu aimais, ces réri tés qui dominent la mort, empêchent de la craindre et la font presque aimer.» Ces phrases si suaves et si douces, les plus mélodieuses qui aient jamais ré sonné à des oreilles françaises, chan tent autour de moi, comme un tinte ment de cloches lointaines, au moment ou j’écris ce que savent déjà tous ceux qui me lisent : le plus aimable génie du dix-neuvième siècle vient de s’éteindre : Ernest Renan est mort. Aimable ! Comme on voudrait qu’il n’eùt jamais servi, ce mot charmant, qu’il eût conservé toute sa fraîcheur, toute sa vertu expressive, comme une médaille à fleur de coin, et qu’on put le tirer aujourd’hui des profondeurs du vocabulaire pour en parer la mémoire du grand homme de bien (pie nous fleurons ! Car s’il fut un savant épris de a vérité, un philosophe aux intuitions perçantes, un écrivain qui sut faire chanter la prose au diapason de la plus divine poésie, il fut plus que tout cela et mieux encore : il n aurait pas conquis une place si sûre dans nos âmes s’il n’avait été un génie aimable et qu’on ne pouvait connaître sans l’aimer. La sérénité dont il s’était fait une...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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