Extrait du journal

moins du fait. Si Tom Trick, affectant de s’approcher de la table des lords, ôtait une provocation, cette manière d’exhiber publiquement tant d’or, sous l'œil de ces pauvres diables, en était assurément une autre. A la fin d’une chasse à courre, après que le cerf a été forcé, au moment de l’hallali, quand on tire du ventre de la bête ses en trailles fumantes, les chiens affamés montrent leurs dents blanches et ai guës avec une fureur que rien ne se rait de force à réprimer. Il en ôtait de môme pour ces déclassés qui. presque tous, ne s'emplissaient de bière que pour tromper la faim. Tout le feu de leurs âmes changeait leurs yeux en charbons ardents. Qui sait! Deux minutes de plus et peut-être les plus affamés, ne pouvant se contenir, se fussent jetés en hurlant sur cette table au milieu de laquelle rayonnaient tant de richesses. Mais le comte Dumbar ne laissa pas à cette éventualité le temps de se produire. Montant subitement sur sa chaise comme pour s’en faire une tribune, il embrassa du regard la salle entière et fit signe de la main qu’il avait quel que chose d’important à faire connaî tre. — Milord, lui dit Tom Trick en pre nant des airs do bon apôtre, vous au riez pu vous adresser particulière ment à moi ; cela suffisait. — Du tout, riposta le comte ; c est à l’ensemble de tous ces braves gens que j’ai besoin de parler. Et, en haussant la voix, dès qu’il y eut un peu de silence : — Mes amis, vous ne l’ignorez pas. cette nuit de carnaval est un temps de fête pour tout le monde. Il est juste dès lors que ceux qui ont ouvrent fraternellement la main pour don ner à ceux qui n’ont pas. Eh bien, voici dans cette bourse quatre-vingts...