Extrait du journal

Quelle que soit la somme globale qui sera fixée à Spa, serait-elle minime, les Allemands feront tout pour se sous traire au paiement dès annuités qui leur seront iniposées. Etant donné le relâchement des liens qui unissent les alliés, la France ne pourra compter que sur sa force armée maintenue et sur la garde vigilante qu’elle montera sur le H h in pour contraindre nos ennemis d’hier à acquitter leurs dettes. Ce sera une lourde charge pendant que — amère dérision! — on parlera autour d’elle de désarmement et de Société des nations! Four notre part, nous verrions sans regret substituer à un traité rédigé de telle façon que les Allemands ont mille moyens de s’y soustraire et dont nous nous épuiserons à surveiller l’applica tion, un autre traité qui nous mettrait en possession immédiate, en manière de réparations compensatrices, de pri vilèges économiques et fiscaux, et aussi de garanties territoriales. Le réajustement dont parle M. Lloyd George est un leurre pour la France, car toutes les modifications modéra trices qu’il laisse entrevoir seront faites au détriment de la France sans l'ombre (1 une compensation. Il nous laissera le mot en nous enlevant la chose. Ce sera pure mystification. Sachons regarder le problème en face et disons-nous que si nous lais sons trainer les choses, nous n’aurons bientôt plus ni traité réajusté, ni traité révisé, ni traité du tout, et que nous serons en présence d’une Allemagne pangermaniste restaurée qui nous dira, goguenarde, qu’elle se moque de nos « folles prétentions ». Au lieu de compter sur une allia . étroite et de longue durée et sur une bonne volonté qu'il est fou d'escompter de la part de l’Allemagne, faisons foin des espérances contenues dans le traité e! exigeons d’autres clauses contenant des réalités tangibles. Dans une déclaration qu’il a sou mise au Sénat de Washington, M. Lodge a déclaré formellement: « Les précau tions que la France juge bon de pren dre contre une agression éventuelle de F Allemagne sont justifiées. » N’ou blions pas que le parti de M. Lodge va enlever la présidence. Le prochain gouvernement des Etats-Unis ne sera donc nullement hostile à la politique résolue de précautions et de garanties qui s’impose à ceux qui ont la respon sabilité des grands intérêts de la Fiance. L. Marcellin....