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La République française, 9 novembre 1872

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La République française
9 novembre 1872


Extrait du journal

„ Les journaux catholiques succom bent à la tâche et ne peuvent tout au plus ‘tonner que de courts extraits des volumineux mandements publiés au sujet des prières publiques votées par l’Assem blée nationale. » Ainsi s’exprimait hier matin le Journal des Débats au sujet de la campagne en règle, ouverte par la plu part des évêques de France à la veille de la rentrée de l’Assemblée de Versailles. L’éloquence épiscopale coule à flots; c’est une inondation, un déluge. Nous vivons dans des temps où 1 on voit tou tes sortes de spectacles extraordinaires : l’ardeur, la passion, la fougue des évêques de France à se jeter dans les luttes politiques n’est pas un des specta cles les moins curieux auxquels il nous ait été donné d'assister. On se croirait au temps de la Ligue, où c étaient les curés de Varia qui étaient à la tête du mouve ment politique ife la capitale, et mon taient sur les bornes, au coin des rues, pour défendre la bonne cause. Qui donc oserait prétendre que la V rance est une nation morte? On parle souvent de l’agi tation fomentée et entretenue par le parti radical; il nous semble que les cléricaux, sous ce rapport, ne le cèdent à per sonne. Quelle levée de boucliers ! quelles ardeurs de langage! S’il était permis d’attendre quoi que ce fût de la justice des partis, l’occasion serait belle de demander aujourd’hui qui est le plus intempérant des deux partis qui se divi sent la France, du parti de la Révolution ou du parti do 1 Eglise ; car il faut bien le dire, plus nous allons, plus nous voyons que, dans la France actuelle, il ne "reste guère aux prises que ces deux partis, que ces deux mondes, l’ancien et lo nouveau, destinés à s’entreprendre mutuellement dans une lutte qui ne finira que par le triomphe absolu, définitif de l’un ou de l’autre. Groirait-on par hasard qu'il nous plaise de pousser ainsi les choses à l’extrême, de scinder de la sorte notre grande et malheureuse société française en deux camps de partisans prêts à se jeter les uns sur les autres ? Non, non, de telles luttes, au sortir de notre lutte contre l’étranger, ne sont point de notre goût. Ce n’est pas que nous ayons peur du combat : nous avons l’honneur d’appar tenir de coeur et de tradition à un parti qui, depuis quatre-vingts ans, n’a jamais redouté de se trouver face à face avec ses adversaires, de guerroyer et de combat tre. La lutte ne nous fait point peur, et, s’il le faut, nous sommes prêts à la sou tenir, certains de vaincre, et de réduire à la fin des ennemis qui n’ont pour eux ni la raison, ni l’esprit du siècle, ni le droit, ni la justice. Mais nous nous le de mandons, en toute sincérité, est-ce bien le moment de livrer de telles batailles ? Est*ce le moment surtout de les livrer contre les évêques, les prêtres qui, sous prétexte de prier, appellent dans les temples des populations qui ne les entendent plus, et qu’ils cherchent en vain à fanatiser? Pauvre Assemblée de Versailles ! Voilà donc à quoi devait aboutir celle de ses résolutions qui lui était le plus chère, le vole des prières publiques ! Se proposaitelle de fournir aux évêques de France une occasion de manifester leurs senti ments politiques? En vérité, nous lui faisons l’honneur de croire qu’elle n’a jamais songe à rien de pareil. Les gens de Versailles croient très sincèrement à l'intervention d’une puissance surnatu relle dans les affaires humaines. Ils ont voulu que l’on invoquât cette puissance surnaturelle ; ils ont demandé des prières, et voilà ce qu’on leur donne ! Des mande ments passionnés, violents, haineux, où c’est à peine si l’on parle de la puissance surnaturelle, pour ne s’occuper que des affaires de ce monde, de la monarchie et de la République, du prétendant du droit...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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