Extrait du journal
avoir accompli des œuvres immenses, d’abord le renversement de l’ancien régime au delà môme des limites delà France, puis l’établissement du suf frage universel nui sera avant lafindu siècle la base de tout droit et la source de toute loi dans le monde civilisé, la République a été balayée soudain par quelques centaines de soldats égarés et trompés. Et l’on décide qu’il en sera ainsi une troisième fois. On s’étonne même que ce coup de force se fasse attendre. Quoi! dit-on, la République de 1792a vécu sept ans, celle de 1848 moins de quatre ans; et voilà treize ans que dure la troisième! Au lieu de conclure qu’entre celle-ci et les deux autres il existe une différence profonde, on se met à vaticiner, et les voyants comptent les mois, les se maines, les jours môme. Nos roya listes, qui furent de tout temps d’ex cellents patriotes, annoncent, comme le faisait hier leplus orléaniste de leurs journaux, le Gaulois, que l’étranger va enfin nous envahir sous la conduite de M. de Bismarck pour poser sur le front de M. le comte de Paris la couronne d’Henri IV ; d’autre part, l’étranger, d’après ce que l’on chuchote, compte avec confiance sur la vigueur de nos royalistes pour donner le coup de grâce à la République expirante. L’histoire, a-t-on dit, est une grande institutrice. Peut-être. Mais c’est aussi une grande trompeuse. Gomme l’a si bien indiqué M. Waldeck-Rous seau, les deux premières Républiques reposaient sur les passions du peuple, passions généreuses, héroïques, assu rément, mais promptes à s’épuiser comme toutes les passions humaines ; une fois consumées par leur propre flamme, elles firent place à une fatigue extrême, à une indiffé rence voisine de l’apathie, qui per mit aux deux Bonaparte de s’em parer du pouvoir devenu vacant en quelque sorte par l’affaissement de l’esprit démocratique. La troisième République est au contraire une œuvre de raison. Apparue au milieu de la plus grande des douleurs patriotiques, sans enthousiasme, sans joie certes, presque sans espoir, elle a été l’acte viril par lequel la nation s’est ressaisie elle-même et a repris en main sa des tinée. La République se confond dé sormais avec le sentiment que la na tion est responsable elle-même de son sort dans le présent et dans l’avenir. On ne sait pas assez au dehors com bien ce sentiment est devenu intense parmi nous. C’est lui qui a dirigé tous nos efforts.d'une part, vers la défense du territoire, parce qu’avant tout il faut assurer la sécurité du lendemain, et, d’autre part, vers l’instruction et 1 éducation de la jeunesse, parce que nous voulons que les générations à venir soient mieux armées que nous ne l’avons été pour le combat de la vie. A chaque consultation du corps élec toral, qu’il s’agisse des municipalités, ou des conseils généraux, ou de la Chambre des députés, ou du Sénat, la République voit diminuer le nombre de ses adversaires. Un fait aussi con stant, aussi régulier,qui distingue pré cisément la troisième République des deux autres, où d’élection en élection nous perdions du terrain, un pareil fait doit avoir une cause profonde et permanente. L’attribuer à la pression gouvernementale, c’est une absurdité manifeste,carjamais et nulle part on n’a vu un pays plus ombrageux àl’endroit...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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