Extrait du journal

composée de plusieurs milliers de paysans. L’un d’eux s’avança et, d’une voix rude, prononça ces mots : «— Dis-nous, roi Chris tian, es-tu Danois? » 11 s’ensuivit un profond silence. Le roi, violemment ému, regarda l’homme qui l’interpellait si durement : « — l>es meilleurs Danois, s’écria-t-il, sont les habitants du Sleswig, puisque ce sont eux qui ont le plus souffert. Or, le berceau de ma race est au Sleswig. » Un flot de larmes jaillit de ses yeux. Les paysans l’acclamèrent. Les événements qui suivirent sont trop connus pour qu’il soit utile d’en fixer le souvenir. Christian eut à subir beaucoup d’épreuves. La plus pénible fut le fardeau des politesses allemandes. 11 lui fallut un tact infini pour ne pas indispo ser l’opinion tout en tenant compte des obli gations diplomatiques. Un jour, comme il traversait l’Allemagne, l’empereur Guillaume lui demanda de venir à Berlin. Le roi Chris tian déclina cette invitation. Alors, le vieux Guillaume s’en fut l’attendre à la frontière. Et Christian dut, bon gré mal gré, écouter ses paroles cordiales et accepter en outre le grade de colonel honoraire dans le corps des grenadiers de Potsdam. Les patriotes de Copenhague lui reprochèrent sa faiblesse, ils l’accusèrent de manquer de dignité......