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La République française, 14 août 1900

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La République française
14 août 1900


Extrait du journal

GRÈVES SUR GREVES C’est une coïncidence au moins bizarre que, sous aucun ministère, les grèves ne se sont multipliées comme sous le régime actuol. A peine une grève est-elle finie sur un point qu’elle recommence sur un autre. A peine une corporation vient-elle de reprendre le travail qu’une autre corporation l'abandonne. On voit — spectacle inconnu jusqu’à pré sent — même les internes des hôpitaux de Marseille qui se mettent en grève et qu’il faut remplacer d’urgence, comme on a fait pour les chauffeurs au Havre, car les malades, fai sant exception à la règle générale, eux, ne se mettent pas en grève. A propos de chauffeurs, ceux de Marseille, imitant avec les soutiers leurs camarades du Havre, viennent de se mettre en grève à leur tour, ce qui ne laisse pas d’être inquiétant au moment où, pour les transports en Chine, le gouvernement a dû affréter un certain nom bre de navires à diverses Compagnies de na vigation. Ce n’est pas tout: à peine la grève de Montceau-lcs-Mines,succédant à celle du Creusot, est-elle apaisée, qu elle menace de reprendre aux mines de Roche-la-Molière et de Firminy qui embrassent une étendue de 5,85G hectares et emploient 2,000 ouvriers. Nous pouvons donc nous apprêter à voir, à bref délai, les députés et journalistes de la Sociale, dont c’est la spécialité, arriver à Firminy pour « organiser l’action révolu tionnaire ». On fera des discours enflammés dans des réunions tumultueuses ; on promènera plus ou moins longtemps l’agitation dans les centres ouvriers ; on condamnera les usines et les travailleurs au chômage ; on aura peutêtre des troubles, des rixes sanglantes, qui aboutiront à des condamnations en police correctionnelle, pour coups et blessures. Après quoi, les choses reprendront leur cours normal, et il n’y aura rien de changé, si ce n’est que la misère se sera installée, pour de longs mois, dans les foyers ouvriers, près de la femme et des enfants en larmes, pen dant que le père paie de la prison quelque délit commis, dans un moment d’entraine ment et d'oubli, dont il n’est pas le principal coupable....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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