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La République française, 15 juillet 1877

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La République française
15 juillet 1877


Extrait du journal

ruisseau où elle s’épanche. Il ne parlait pas toujours d’elle et de lui ; mais clic sa vait que tous ces discours jetés au hasard étaient pleins de sa pensée, et ce qui les faisait vivre et palpiter, c’étaient les modu lations tendres de la voix, une sorte d'écho intérieur qui répondait en même temps dans ces deux cœurs si proches l’un de l’autre aux accents d’une hymne céleste. Ce qu’il disait ne saurait s’ccriro; cela | paraîtrait sot, plat • ou banal comme des j vers d’opéra, qui ne sont bons qu’à être chantes : banalités sublimes, adorables lieux communs lorsque l’amour les dicte ; et les écoute, mais dont un amant ne sup- : porterait pas lui-même la lecture, à moins I que le front de sa maîtresse no so penchât ! sur le livre auprès du sien. Insensiblement il se rapprochait d'elle, j qui demeurait immobile et ne savait plus i fuir, et le nom de Jeanne plus souvent prononce frémissait sur ses lèvres, qui ne semblaient le laisser échapper que pour le caresser. — Vous ai-je conté, Jeanne, dit-il en fin, qu’une nuit, là-bas, à Paris, je vous al vue ? Oui vue, Jeanne, do ces deux veux qui à présent vous contemplent. J’é tais accoudé à mon balcon, il faisait un temps splendide, et de ma fenêtre tournée vers le couchant je cherchais quelle étoile brillait au-dessus de votre toit. Je m’étais juré de vous oublier, et je vous appelais comme cela ; Jeanne ! Jeanne ! — Der rière les maisons la lune montait lente ment; son rayon glisse sous mon front et pénètre dans ma chambre : alors je me retourne, et dans sa clarté blan che vous étiez debout, pâle, triste, es sayant do sourire pour me rassurer. — Oui, pour me rassurer, car j’ai su depuis que cette nuit-là vous avez failli mourir ; mais j’ignorais même que vous fussiez malade, mon amie, et durant trois années cet instant est le seul où j’aie cessé do souffrir. Je me suis élancé, vous avez fui; je vous ai suivie jusqu'à la porto do mon atelier, vous toujours souriant, moi vous...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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